Un État désorganisé
dans l’hebdo N° 1129 Acheter ce numéro
Après le séisme de janvier, Haïti a reçu plusieurs niveaux d’aide. L’aide d’urgence, les soins apportés aux blessés, qui a été très efficace, et même exemplaire. En revanche, l’aide aux sinistrés a été beaucoup plus conventionnelle et timide. Les gens ont reçu des bâches en plastique, alors qu’on ne peut pas vivre longtemps ainsi de façon décente dans des conditions urbaines et face à de fortes intempéries comme il en existe à Haïti.
En ce qui concerne l’aide à long terme, c’est-à-dire l’aide à la reconstruction, ce ne sont pas les étrangers qui peuvent la conduire. Déjà, au moment du tsunami [le raz-de-marée de décembre 2004, dans le sud-est asiatique, NDLR] , le débat avait porté sur la capacité des organismes étrangers à mener à bien l’aide à la reconstruction. Si l’on a affaire à un État volontaire et dynamique, les dollars ou les euros sont transformés en routes, en hôpitaux ou en centrales électriques. Ce ne sont pas les ONG, l’ONU ou des États étrangers qui peuvent se substituer aux autorités locales. À Haïti, on observe une sorte de contraste entre l’ouverture totale à l’étranger, qui résulte de la faiblesse insigne de l’État, et la difficulté pour des étrangers à prendre et à mettre en œuvre des décisions.
Si bien qu’aujourd’hui on déblaye encore à la main et à la pioche les gravats, et les engins de levage et de transport sont en nombre très insuffisant. Mais il ne faut pas oublier non plus que les États-Unis ont mis deux ans pour déblayer les dégâts du 11 Septembre, et faire place nette à une nouvelle construction. Et cela avec les moyens américains. Il ne faut donc pas sous-estimer l’ampleur de la tâche. Les causes du retard tiennent beaucoup plus à la désorganisation locale qu’à la lenteur de l’aide de la communauté internationale, que l’on blâme, selon moi, à tort.