Un pari difficile
dans l’hebdo N° 1131 Acheter ce numéro
Pour les écologistes réunis à Paris en conseil fédéral, le week-end s’est mieux terminé qu’il n’avait commencé. Le claquement de porte de Jean-Paul Besset, qui avait dénoncé un « climat de guerre froide » au sein du nouveau parti Europe Écologie-Les Verts (EÉ-LV), avait fait craindre une explosion en vol de ce nouvel objet politique. En réalité, Philippe Meirieu a été élu à une très large majorité, et à bulletins secrets, à la présidence du conseil fédéral, en remplacement de Jean-Paul Besset. La nouvelle instance de direction, qui scelle la fusion d’Europe Écologie avec Les Verts, a également validé la première partie de l’accord passé avec le Parti socialiste en vue des sénatoriales de septembre 2011. Selon cet accord, le parti écologiste disposerait de 13 places en position éligible (contre 4 sièges actuellement). Il n’empêche que, derrière une feuille de route suivie à la lettre par le conseil fédéral, les forces centrifuges continuent de s’exercer sur le nouveau parti. Et Daniel Cohn-Bendit n’est pas le dernier à souffler sur les braises.
Ce qui est en jeu, c’est bien l’identité politique du mouvement et son ancrage à gauche. Cécile Duflot a sans doute raison de qualifier de caricature une opposition « gauche/centre » entre ce qu’elle représente elle-même et ce qu’incarne le député européen. Mais en toute caricature il y a un fond de vrai. Les Verts sont engagés dans un pari difficile.
En offrant aux jeunes des formes d’organisation souples, en rejetant le dogmatisme issu des vieilles traditions politiques (allusion, assurément, au Front de gauche), ils prennent le risque d’un certain « désordre idéologique » et d’un pragmatisme qui peut conduire à des errements. C’est la contrepartie d’une démarche qui s’oppose à celle, classique – les mauvaises langues diront « archaïques » –, du Parti de gauche. D’un côté comme de l’autre, le chemin choisi comporte son lot d’inconvénients.
Même si le rêve de rapprochements entre le Front de gauche et EÉ-LV est pour l’instant plus qu’une chimère, nous nous efforçons pour notre part d’être attentifs aux évolutions des uns et des autres.