La poudrière algérienne
Les émeutes se propagent dans toutes les grandes villes en réaction à la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Le gouvernement oscille entre mépris et tentatives d’apaisement.
dans l’hebdo N° 1137 Acheter ce numéro
Capitale quadrillée, manifestants arrêtés… La tension monte en Algérie. En une semaine, 8 personnes ont tenté de s’immoler par le feu (2 sont décédées le 24 janvier), et des rassemblements spontanés ont eu lieu à la suite d’appels sur Internet. Une grande manifestation prévue le 22 janvier à Alger, lancée par le Rassemblement pour la culture et la démocratie, dans l’opposition, a été empêchée. Les opposants au régime demandent désormais la levée de l’état d’urgence réduisant les libertés fondamentales depuis 1992, dont celle de manifester. Les raisons de la colère ? Le 4 janvier 2011, un responsable du ministère des Finances annonçait le chiffre insolent de 155 milliards de dollars de réserves en devises pour l’année 2010. Où va cet argent ? se demandent les Algériens. Le Smic tourne autour de 100 euros, et les infrastructures publiques (logements sociaux, transports…) sont insuffisantes et inefficaces. Le 5 janvier, une hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité est à l’origine d’une vague d’émeutes. Les grossistes de l’agroalimentaire auraient créé cette inflation après l’adoption par le gouvernement d’une mesure prévue pour le 31 mars 2011 afin de lutter contre le marché informel. Celui-ci représenterait 17 % de l’ensemble des revenus des ménages.
Du côté des émeutiers, aucune revendication. Juste la violence comme expression d’un malaise. Les émeutes se sont propagées dans toutes les grandes villes. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a qualifié les jeunes frondeurs de « nihilistes » . Et d’ajouter que seuls les intéressent « la rapine et le vol » . Un mépris qui renforce le sentiment d’humiliation. Pour calmer la rue, le gouvernement a subventionné les produits de première nécessité. Une gestion de crise qui révèle une absence de réponses sociales et économiques. La révolution tunisienne fera-t-elle des émules en Algérie ?