La révolte en chantant

Jean-Pierre Thorn retrace 50 ans de contestation, du rock ou slam.

Christophe Kantcheff  • 27 janvier 2011 abonné·es

Le titre est sans confusion possible : 9-3, la Belle Rebelle . Le nouveau film de Jean-Pierre Thorn, diffusé dans une version raccourcie sur Arte et déjà disponible en DVD [^2], est un hymne à un département qui continue à pâtir de sa réputation : la Seine-Saint-Denis. Mais pas n’importe ­laquelle : celle qui n’accepte pas le monde comme il va, et dont la ­révolte s’exprime par la musique.

Après Faire kiffer les anges (1997) et On n’est pas des marques de vélo (2003), qui alliaient déjà le 9-3 et la culture hip-hop, Jean-Pierre Thorn croise à nouveau le département de son cœur, les musiques populaires et la mémoire ouvrière. À travers le rock, le punk, le rap, le hip-hop et enfin le slam, c’est cinquante ans d’anticonformisme et de rébellion qu’il retrace, et autant de luttes sociales et de ­boule­versements urbanistiques. Si chaque nouveau mouvement musical s’est construit plus ou moins contre le précédent, tous renouvellent un besoin de protestation de la part d’une jeunesse en opposition aux modèles dominants qui lui sont imposés.

Le cinéaste procède par interviews d’anciens protagonistes de ces époques toujours en activité (Daniel Baudon des Sixties Memory, Loran de Bérurier Noir, Marc Perrone ou Dee Nasty), mais aussi le slameur
D’ de Kabal (photo), qu’il met en vis-à-vis d’images d’archives, dont beaucoup sont extraites de journaux télévisés (violences policières, marche en hommage à Malik Oussekine, NTM face à Éric Raoult, émeutes en banlieue…). 9-3, la Belle Rebelle , film indiscutablement engagé car en symbiose avec l’insoumission dont il témoigne, recèle un enthousiasme généreux, loin de toute nostalgie.

[^2]: Chez Blaqout.

Culture
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