Une école pour l’élite ?
L’école française accroit les inégalités : mieux vaut être enfant de cadre que d’ouvrier. L’évaluation individuelle, le culte de la performance remplacent l’aide aux enfants en difficulté. Pourtant, des propositions existent : sur les programmes ou la formation des enseignants…
dans l’hebdo N° 1137 Acheter ce numéro
L’école est en plein remue-ménage. La publication le 7 décembre de l’enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) réalisée par l’OCDE est venue confirmer ce que chacun observe : l’école française est de plus en plus inégalitaire. Pourquoi gomme-t-elle moins que les autres les effets du milieu de naissance ? L’école ne tire plus les élèves vers le haut mais se contente de les trier. Historiquement élitiste, elle délaisse aujourd’hui l’éducation prioritaire et s’en tient à un système pensé pour les héritiers. On n’accompagne plus. On ne soutient plus. On évalue le potentiel d’un élève sur lequel investir comme on évaluerait une opportunité commerciale. Ce n’est pas une fatalité mais bien un choix politique : « L’égalité des chances dans l’éducation est possible même lorsque le milieu socio-économique des élèves varie fortement » , signale l’OCDE. À condition de s’en donner les moyens. Mais l’école est estourbie par les suppressions de postes qui laissent depuis deux ans des élèves sans enseignants, sans surveillants, sans conseiller d’orientation, sans psychologue, voire sans établissement. Ainsi le petit collège de Sainte-Énimie (Tarn) est-il menacé de fermeture à la rentrée prochaine. Et 16 000 postes d’enseignants disparaîtront encore.
L’école est bousculée par la réforme qui affecte la formation des maîtres et les expédie tout bleus devant les élèves depuis septembre. Il y a bien eu un débat national sur l’avenir de l’école six ans plus tôt, une consultation sur les violences scolaires, celle sur les rythmes… Et le ministre Luc Chatel tente de mettre en avant l’aménagement des rythmes scolaires, la suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme (qui stigmatise toujours plus), l’anglais dès 3 ans. Mais qu’en est-il des contenus d’apprentissage et de formation ? De la pédagogie dans la classe ? De ce qui engendre de l’échec et de l’exclusion ? Malgré ce triste constat, l’école publique et ceux qui y croient ont encore des ressources. Témoin, la mobilisation autour du collectif « L’éducation est notre avenir ». Des propositions existent pour refonder l’école, mais le débat n’a pas lieu. Pas encore.
*Pour lire la suite du dossier, rendez-vous dans la colonne de gauche ou suivez ce lien : Une injustice de classe
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