Unilever met du lucre dans son thé
Le groupe britannique veut fermer le site qui produit le Thé de l’Éléphant en Provence, considéré comme pas assez « rentable ». Les salariés, prêts à reprendre leur usine, ne l’entendent pas de cette oreille.
dans l’hebdo N° 1136 Acheter ce numéro
À un jet de pierre de la préfecture, de la mairie et des banques, c’est au pied de la Canebière, entre le Medef et la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille, que les salariés de Fralib ont, la semaine dernière, fait entendre leur colère. Si, en mars (après un plan social en 2007), ils se battaient pour des augmentations de salaire, aujourd’hui, ils luttent pour la survie de leur usine de Gémenos, la dernière à fabriquer en France les thés et infusions Lipton.
Fin septembre, le groupe Unilever – dont le patron gagne 400 000 euros par mois et qui a détruit 124 000 emplois en dix ans – a annoncé vouloir sa fermeture. Cette usine, dont les 182 salariés produisent 1,5 milliard de sachets de thé par an et dont la productivité a augmenté de 50 % en vingt ans, serait moins rentable que celles britanniques, belges ou polonaises. Pourtant, sur un paquet d’infusions vendu entre 1,60 et 2,50 euros, seuls 16 centimes vont aux salaires.
Face à cette décision, le ministre de l’Industrie, Éric Besson, a annoncé, impérial, « une table ronde » pour étudier « les mesures d’accompagnement » des salariés, « l’impact sur les sous-traitants » et « les engagements d’Unilever en matière de revitalisation du territoire » . De simples mesures d’accompagnement dans le cadre d’un plan social dont ne veulent pas entendre parler les salariés : ces derniers viennent en effet d’annoncer leur intention de reprendre l’usine.
« La forme reste à définir mais on a déjà le soutien des collectivités et de plusieurs investisseurs potentiels , explique Olivier Leberquier, de la CGT. Unilever s’y oppose, refusant de nous vendre la marque. Ce que ce groupe ne comprend pas, c’est qu’il ne peut nous vendre ce qui nous appartient déjà. » Et ce syndicaliste d’asséner : « Cela fait cent dix-huit ans que le Thé de l’Éléphant est en Provence. Et on va tout faire pour qu’il y reste. »