Breaking news
dans l’hebdo N° 1138 Acheter ce numéro
Je voulais te parler de la dernière prédication d’Alain Finkielkraut, parue le 28 janvier dans le quotidien Libération [^2], et d’où ressortait notamment qu’il ne faudrait quand même pas qu’ « au nom de l’hospitalité » (qui nous a déjà mis tous ces Reunois dans notre foot alors qu’on n’avait rien demandé) la France devienne « un aéroport » (où débarquerait d’Afrique et d’Asie l’envahissante misère du monde, genre) ; et qu’il serait d’autre part temps, maintenant, que « les historiens et les sociologues » cessent enfin d’aller « répétant que la France a toujours été une terre d’immigration » , vu que, Mâme Dupont, « ce n’est pas exact » , vu que, mâme Dupont, « entre les grandes invasions et le XIXe siècle, la France a connu une remarquable stabilité démographique » (hélas menacée, depuis quelques années, par de nouvelles invas… par « l’immigration » , alerte ! Alerte ! ALERTE !).
Oui : je voulais te parler de l’inchangé penseur de médias, confit dans ses manies. Même : j’allais. (T’en parler.)
Mais voilà que tout d’un coup, breaking news, Carla Bruni-Sarkozy déclare dans le Parisien du jour qu’elle « ne (se) sen(t) plus vraiment de gauche » – car en effet, « à la suite de l’affaire Polanski-Mitterrand » , elle a « entendu des responsables socialistes dire la même chose que ceux du Front national » , et ça ? Elle n’a pas (du tout) supporté. Elle en a même été « vraiment choquée » .
Lisant cela, j’hèle un enfant de trois ans et lui tiens à peu près ce langage : dis donc, petit, d’après toi, qui c’est qui la ceint, Carla Bruni-Sarkozy, depuis trois ans ? (Depuis qu’elle occupe où-tu-sais le bureau donnant « de plain-pied sur le parc de l’Élysée » [avec « ses grands arbres » et sa « pelouse impeccable » ] qui fut jadis celui de Bernadette Chirac.)
Facile, me répond l’avisé gamin : la ceignent, depuis trois ans, des gens qui pour s’hisser à l’Élysée ont tranquillement fait campagne dans les marais frontins – je pense notamment, vous l’aurez compris, à Nicolas Sarkozy, qui est devenu depuis son époux –, et si vous permettez, j’ajouterai que non seulement ces gens passent désormais de gros pans de leur temps à « dire la même chose que ceux du Front national » (que ravit le constat qu’on dit partout tout haut ce qu’il était jadis seul à vomir), mais que, de surcroît, ils mettent pour de bon dans leur quinquennat d’entiers morceaux du programme péniste.
C’est bien répondu, petit, mais dis-moi : tu l’as entendue chanter qu’elle n’était plus de droite, toi, Carla Bruni-Sarkozy – et que les rudes saillies d’un Brice Hortefeux étaient bien plus qu’elle n’en pouvait supporter sans être vraiment choquée ? – Que nenni, s’esclaffe mon interlocuteur : j’ai plutôt souvenance qu’elle a déclaré le trouver plutôt sympa, le bouteur de sans-paps.
_ D’où tu conclus, jeune observateur de la chose publique ?
_ – Que la Bruni-Sarkozy se fout de nous ?
[^2]: Où Demorin va succéder à Joffrand, suivant un coutumier turn-over endogamique.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.