En attendant Tobin
Les ministres des Finances ont encore repoussé un accord sur une taxation des transactions financières.
dans l’hebdo N° 1141 Acheter ce numéro
«En 2011, c’est une taxe que nous exigeons, pas juste une discussion ! » L’ultimatum est lancé aux puissants de ce monde par trois ONG : Attac France, Aides et Oxfam France. Mais l’idée d’une taxation des transactions financières (TTF), surnommée « taxe Robin des bois » , ne semble pas avoir beaucoup progressé. Le premier grand test de la présidence française du G20 n’a même pas accouché d’une souris. Réunis à Paris les 18 et 19 février, les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des pays les plus puissants de la planète n’ont pris aucun engagement en faveur d’une TTF pour financer le développement et la lutte contre les changements climatiques.
La ministre des Finances française, Christine Lagarde, a résumé la situation par une vague formule : les ministres « se sont accordés à poursuivre les travaux pour mobiliser les ressources nécessaires, notamment sous forme de financements innovants » , comme une taxation des transactions financières. « Le flou demeure sur les positions des différents pays , en a déduit Luc Lampière, directeur d’Oxfam France. Malgré des propositions très concrètes déjà portées par des panels d’experts aux Nations unies, les débats avancent trop lentement ». Cette idée est pourtant « déjà expérimentée en Grande-Bretagne, où la taxe rapporte 4 milliards d’euros par an » , rappelle Jean-Louis Vielajus, président de Coordination SUD, qui rassemble les ONG françaises de solidarité internationale.
La réunion parisienne, qui a donné le ton des prochaines rencontres des chefs d’État du G20 , a donc laissé les ONG sur leur faim. Seul point positif : la volonté de certains pays d’avancer sur la mise en œuvre d’une TTF sans attendre les pays réticents. Christine Lagarde a indiqué qu’elle en avait « longuement discuté » avec son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, « tout à fait d’accord pour aller dans cette direction » . De leur côté, Oxfam France, Coordination SUD, le Réseau action climat France et Greenpeace mettent la pression pour qu’une « coalition des pionniers » , dont la France et l’Allemagne, décide d’une « taxe sur les instruments financiers nationaux avant la fin de l’année » . Pour Luc Lamprière, « c’est à cette condition que d’autres gouvernements suivront ».
« Le Président Sarkozy a laissé comprendre que la France voulait avancer. Il lui faut maintenant préciser comment et quand elle avancera » , avertit Oxfam. Cette réunion des ministres des Finances a cependant montré la faible capacité de la France à convaincre sur ce terrain.