Forum social : l’histoire s’écrit à Dakar
Les altermondialistes organisent la résistance face au pillage des terres africaines. Dans la banlieue de Dakar, des assemblées d’habitants et de paysans tentent de faire converger leurs luttes. Commencé dans la confusion, le forum a rassemblé environ 50 000 participants.
dans l’hebdo N° 1140 Acheter ce numéro
Le forum social de Dakar s’est ouvert sur fond de révolution tunisienne. Et se clôture sur le départ de Moubarak. D’appels en SMS, de bouche en oreille, la nouvelle de la « démission » du dictateur égyptien s’était propagée dans les travées des assemblées, provoquant explosions de joie, larmes d’émotion et applaudissements. L’actualité n’aurait pas pu mieux tomber. Les trois premiers forums de Porto Alegre, au Brésil, avaient popularisé la « démocratie participative » et vu l’ascension de Lula, l’ouvrier métallo issu du Nordeste pauvre devenu président. Après la dictature militaire, puis vingt ans de néolibéralisme sauvage, le Brésil passait à gauche, et la majorité des pays d’Amérique du Sud avec lui. Une gauche qui n’a cessé de remporter depuis les élections présidentielles. À Bombay ensuite, le mouvement altermondialiste s’ouvrait sur l’Asie en général, et l’Inde en particulier, puissance émergente et championne des inégalités, où les pauvres parmi les pauvres – les dalits, les intouchables – « côtoient » la 4e fortune mondiale, le PDG d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal.
À Belèm, aux portes de l’Amazonie, le forum social a vu la participation massive des peuples « autochtones », des forêts ou des Andes. Peuples qui, après avoir été massacrés, colonisés puis dominés, sont cette fois menacés par le capitalisme « vert » et ses mécanismes de compensation censés limiter le dérèglement climatique en privatisant terres et forêts primaires. Le forum s’est terminé à Dakar alors qu’un vent nouveau souffle sur une Afrique fatiguée de la corruption, de l’immobilisme, du paternalisme et de la misère. Des maux qui ne sont plus perçus comme une fatalité dans un continent qui, selon Nicolas Sarkozy, serait demeuré en dehors de l’histoire. Le forum social est bien le lieu de l’autre mondialisation, celle des revendications des dominés, celle des nouveaux droits sociaux, celle de la démocratie face aux pouvoirs opaques des marchés, des multinationales et des oligarchies. Une nouvelle phase s’ouvre : celle de la confrontation directe avec ces pouvoirs.
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