FSM Dakar : La société civile écrit l’histoire
70 000 participants sont attendus au Forum social mondial de Dakar, du 6 au 11 février. Révolution tunisienne, éclosion de myriades d’associations : le continent est en pleine effervescence citoyenne. L’universitaire kényan Firoze Manji critique « l’industrie de l’aide », frein à l’émancipation.
dans l’hebdo N° 1138 Acheter ce numéro
Le Forum social mondial prépare avec éclat son retour en terre africaine. Dix jours avant l’ouverture, plus de 70 000 personnes, majoritairement issues du continent, étaient déjà inscrites pour le rassemblement altermondialiste qui se tiendra à Dakar du 6 au 11 février. Les attentes des organisateurs sont déjà largement dépassées. Même Martine Aubry, Ségolène Royal ou le Brésilien Lula sont annoncés dans les travées. Sur le campus de l’université Cheikh-Anta-Diop, lieu du forum, qui se reconnaîtra dans le discours qu’y prononça Nicolas Sarkozy le 26 juillet 2007 ? « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. […] Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès. »
La révolution tunisienne, la révolte égyptienne, l’émergence moins médiatique de mouvements populaires dans toute l’Afrique viennent avec éclat contredire un chef d’État qui, lui, ne restera probablement pas dans l’histoire. L’actualité s’est chargée de montrer la suffisance de sa fable. Loin de l’apathie d’une diplomatie française qui ne comprend plus le monde, des centaines d’organisations de la société civile s’apprêtent à faire fructifier leurs aventures humaines et leurs visions du progrès. Les observateurs reconnaissent un rôle notable au Forum social mondial dans le renforcement de la société civile en Afrique et sa « prise de conscience généralisée » . Mais les défis sont nombreux : quelle démocratisation, comment solder le colonialisme, que faire des valeurs occidentales, comment construire l’autonomie du continent – politique, économique, alimentaire – par temps de crise mondiale ? Dakar, à nouveau, s’apprête à montrer que le continent ne raconte pas la même histoire que Sarkozy.
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