Téhéran, Ramallah, Gaza…
dans l’hebdo N° 1140 Acheter ce numéro
Décidément, il n’y a pas un pays du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient qui ne soit secoué par la tempête. Au-delà même du monde arabe, l’Iran est touché. Des milliers de manifestants ont tenté de manifester lundi dans le centre de Téhéran, à l’appel des chefs de l’opposition, dont l’ancien Premier ministre, Mir Hossein Moussavi. Certes, la police a contenu le mouvement, tuant même un manifestant. Mais l’avenir à Téhéran est redevenu incertain pour le régime. Ironie du sort, Ahmadinejad, qui avait cru pouvoir récupérer les révolutions tunisienne et égyptienne, est la cible d’un mouvement démocratique qui renoue dans son pays avec les grandes manifestations de juin 2009. Le Yémen, la Jordanie sont également durement secoués.
Mais que se passe-t-il aussi en Palestine ? Après avoir soutenu Moubarak, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a enfin pris acte des révolutions tunisienne et égyptienne. Sa contre-attaque a consisté dans l’annonce d’une démission du gouvernement de Salam Fayyad – lequel devrait être appelé à former le prochain gouvernement – et dans la tenue d’élections générales d’ici au mois de septembre. Cette dernière annonce a été aussitôt rejetée par le Hamas, qui considère que Mahmoud Abbas, dont le mandat a expiré en janvier 2009, n’est pas légitime pour convoquer des élections. On voit mal en effet comment un scrutin démocratique pourrait être décidé tant que les deux principaux mouvements, le Fatah et le Hamas, n’ont pas renoué un minimum de contacts. L’Autorité palestinienne, en Cisjordanie, et le Hamas, à Gaza, se sont au moins accordés sur un point : l’une et l’autre ont réprimé les manifestations populaires de sympathie pour l’insurrection égyptienne.
Preuve qu’il n’y a pas un « pouvoir » qui est à l’abri de la contestation. Pour les Palestiniens, l’avenir de l’Égypte est évidemment déterminant. Certes, les généraux du Caire se sont empressés de rassurer Israël en confirmant le traité de paix entre les deux pays signé en 1979, après Camp David I, mais que se passera-t-il après des élections égyptiennes qui seraient réellement démocratiques ? Le blocus de Gaza serait-il encore tenable ? Et s’il ne l’était plus, cela profiterait-il au Hamas ? Pas sûr du tout ! Mais comment prévoir ce que sera la région dans seulement six mois ?