« True Grit » : Le goût du western

Christophe Kantcheff  • 24 février 2011 abonné·es
« True Grit » : Le goût  du western
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On saura gré à Ethan et Joel Coen, s’inspirant de Cent Dollars pour un shérif (1969), de Henry Hathaway, de ne pas avoir joué aux petits malins avec le western, et de ne pas faire de True Grit (« le vrai courage ») une parodie ou une œuvre ostensiblement postmoderne. Pour autant, les frères Coen ne mettent pas leurs pas exactement là où les ont mis leurs illustres aînés, au bon vieux temps du cinéma classique et de John Wayne. Il est aussi appréciable que les cinéastes ne spéculent pas sur la nostalgie des spectateurs.

Disons qu’en racontant l’histoire d’une très jeune fille, Mattie (Hailee Steinfeld), 14 ans, qui engage pour cent dollars un marshall (Jeff Bridges) alcoolique et vieillissant afin qu’il capture le tueur de son père, les cinéastes ont trouvé une très estimable troisième voie. Loin du chef-d’œuvre lyrique de Michael Cimino, la Porte du paradis (1980), le western à la Coen, gorgé d’humour – quel inénarrable personnage que ce Texas ranger, joué par Matt Damon, chuintant presque tout le long du film à cause d’une blessure à la langue ! –, joue à la fois la carte du réalisme et de la mythologie.

Ils montrent ainsi l’incroyable violence de cette société américaine archaïque, à laquelle la jeune Mattie doit faire face en même temps que celle-ci agit sur elle, où la justice est une institution bancale et la peine de mort généreusement exhibée. Parallèlement, les Coen retrouvent le ­plaisir esthétique des grands espaces et des poursuites à cheval, et le goût des histoires fondées sur des solidarités d’intérêt et le partage de valeurs simples. Élégante et tranquille, la mise en scène s’élève dans le dernier quart d’heure, pour atteindre une dimension onirique digne de la Nuit du chasseur.

Culture
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