L’art d’accomoder les chiffres

Les résultats du scrutin de dimanche ont donné lieu à des présentations plus ou moins fantaisistes. Catalogue des petits trucs et astuces en usage.

Michel Soudais  • 24 mars 2011 abonné·es

La présentation des résultats d’un scrutin est, pour les partis, un enjeu politique. Tous arrangent les chiffres pour les rendre plus flatteurs. Les techniques sont variées. Celle de Claude Guéant, classique, consiste à additionner des candidats UMP et divers droite, parfois concurrents, pour assurer qu’avec 32 % « la majorité présidentielle s’est bien maintenue » . Une autre consiste à comparer ces cantonales avec des scrutins de nature différente ; on pourra alors afficher une progression par rapport aux régionales ou aux européennes… Une troisième consiste à réduire le corps électoral ; il s’agit de ­recalculer son score en ne prenant en considération que les cantons où on présentait un candidat.

Ce procédé est très en vogue. Le Front de gauche, dont les candidatures étaient présentées de manière dispersée par le ministère de l’Intérieur, assure que les 1 660 « candidats étiquetés PCF ou PG » par ce dernier « totalisent 10,38 % des suffrages exprimés dans leurs cantons » . Europe Écologie-Les Verts atteste de son côté avoir obtenu un peu plus de 12 % dans les 1  500 cantons où il présentait des candidats, gommant le fait que nombre d’entre eux avaient l’investiture PS, ce qui tire artificiellement la moyenne.

Ces « recalculs », s’ils indiquent un potentiel de vote, masquent le défaut d’implantation militante à l’origine de l’absence de candidatures. Cas typique, le MoDem, qui présentait « près de 400 candidats » , affirme que ceux-ci « ont décroché en moyenne 13,9 % des voix » , ce qui lui permettrait de figurer dans la cour des grands. Nettement plus risible, l’Alliance écologiste annonce fièrement « une moyenne nationale de 4,1 % » obtenue avec… 17 candidats, dont 7 seulement avaient « reçu le soutien officiel du parti » . À ce petit jeu, on risquerait de découvrir que 150 % des suffrages ont été exprimés.

Politique
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