Mémoire à deux voix

Un vieil homme et son petit-fils face au souvenir tragique de la guerre.

Gilles Costaz  • 3 mars 2011 abonné·es

À son tour, Laurence Sendrowicz vient faire entendre sa voix sur les années de la Shoah. Pour beaucoup, cette auteure est avant tout la traductrice de l’écrivain israélien Hanock Levin (elle a publié une bonne vingtaine de versions françaises de ses pièces aux éditions Théâtrales). Mais, également actrice, elle développe une œuvre personnelle, ce qu’on sait peu puisqu’elle a surtout écrit et joué en Israël, où elle avait émigré avant de revenir en France il y a dizaine d’années. Elle opère à présent un retour de comédienne-auteure de manière très discrète : elle joue seule, dans l’intime cadre de la Vieille Grille, son texte les  Cerises au kirsch, itinéraire d’un enfant sans ombre.

Les cerises au kirsch : c’est ce que dévore un grand-père qui n’a pas droit à ces douceurs, mauvaises pour sa santé. Il peut s’offrir ce plaisir : il avait 10 ans en 1942 et eut en Belgique la vie d’un enfant caché, pendant qu’on exterminait les siens. La pièce fait parler deux personnages (plus quelques autres, moins en vue) : cet ancien gamin devenu grand-père, dont l’existence ressurgit en souvenirs très brefs, et son petit-fils, qui vient en scène pour faire un spectacle de café-théâtre et se fait rattraper par le passé terrible des siens. Cette pièce à deux personnages, Laurence Sendrowicz, dirigée par Nafi Salah, l’interprète seule avec une magnifique grâce pudique, avec cet air de rien qui dit tout.

Culture
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