Notre ami Hu Jintao
dans l’hebdo N° 1142 Acheter ce numéro
Adoncques : ç’a remanié. Plombé par deux condamnations – l’une à 750 euros d’amende pour « injure non publique envers un groupe de personnes à raison de leur origine », l’autre à un euro de dommages et intérêts pour « atteinte à la présomption d’innocence » – Brice Hortefeux nous a quitté(e)s [^2]. Surtout : Michèle Alliot-Marie, des Affaires étrangères (à trop d’éthique) a été lourdée, pour s’être placée trop près du régime bénalique (durant que son Patrick Ollier de compagnie se lovait tout contre Kadhafi). Et Xavier Bertrand (du Travail, de l’Emploi et de la Santé), alors ? Xavier Bertrand se porte bien, merci pour lui, mâme Dupont : nul(le) n’a dirait-on voulu qu’il soit quant à lui déplacé. De même, Sarkozy tient bon et ne donne aucun signe de vouloir s’en aller todo .
Pourtant : si nous regardons le bilan de Ben Ali, dont la fréquentation fut donc fatale à MAM, puis, juste après, celui des chefs de la Chine populaire, de quoi c’est qu’on s’aperçoit-ce vitement ? Que, pour ce qui serait de sauter à pieds joints sur la démocratie, Ben Ali, nonobstant qu’il a continument fait de soutenus efforts, ne fut jamais au niveau des noiches people, qui, plus déterminés, sont de très longue date passés maîtres dans la confection du pâté d’insoumis : nous parlons ici de grands massacres tibétains (dans quoi Mélenchon seul voit le gage rétrospectif d’une émancipation du moinillon), mais tout aussi bien de la sauvage (mais tue par l’Occident) répression du Ouïgour – ou du plus coutumier lâcher d’une balle de calibre conventionné dans la nuque de qui se montrerait trop rétif aux rudes mais justes lois locales.
Or, quel est, sur un tel sujet, l’avis de Xavier Bertrand ? L’avis de Xavier Bertrand est que tout va très bien non loin de Pékin, madame la marquise – et que tout va même si bien qu’il a signé, le 22 octobre 2010, au nom de l’UMP, un accord de « coopération » et de « compréhension » avec le Parti communiste chinois (PCC).
Et qu’en dit Sarkozy ? Sarkozy, chacun(e) le sait – chacun(e) l’a vu – aime de son côté rire avec Hu Jintao, secrétaire général dudit PCC.
Si demain la plèbe chinoise boute les fâcheux qui la gouvernent, prends note : les mêmes nous diront fi, mais ces gens furent d’abominables criminels, comment put-on si longtemps les supporter ?
Les tyrans, vus de Bertrand ou de Sarkozy, ne sont des tyrans qu’après qu’une révolution les a éventuellement giclés : en attendant, ils sont pour la vie des amis, avec qui on coopère dans la jovialité.
C’est ce qu’avait bien compris MAM : c’est ce qui lui vaut d’être aujourd’hui remplacée, dans un moment de suprême faux-dercherie, par l’excellent Juppé, dont (soit dit en passant) la condamnation, dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, ne fut qu’à quatorze mois de prison avec sursis, assortis d’un an d’inéligibilité – de sorte que sa promotion aux Affaires étrangères doit être vue comme l’apport, dans le régime qui étend sur nos vies son emprise, d’un gros surcroît d’intégrité.
[^2]: Notons cependant que ces condamnations ne lui ferment nullement les portes du conseillat de proximité du chef de l’État français.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.