Où est la décence face au drame ?

Ainsi, par « décence » , il faudrait
se taire. En l’affirmant, tout comme Ségolène Royal, Nathalie Kosciusko-Morizet ne déroge pas d’un poil à la tradition des ministres de l’Écologie de droite, parfaits auxiliaires de leur collègue de l’Énergie. Dès que l’on aborde le nucléaire : pas touche, patrimoine national, joyau industriel ! « NKM » a demandé à ce que l’on ne tombe pas dans « l’indécence et l’emballement » quand les écologistes sont montés à l’assaut du nucléaire français, au lendemain du tsunami.

Certes, on parle de 10 000 morts et disparus, chiffre tellement rond qu’il en dit plus long sur l’hébétude et l’incertitude que sur la réalité comptable d’un drame aux proportions exceptionnelles. Mais, à ces victimes du tsunami, pourraient demain s’en ajouter des milliers d’autres si l’accident de Fukushima Daïchi virait à la catastrophe.

Malgré ce risque, là et ailleurs, il faudrait se taire par respect pour les morts ! Il est tellement plus commode d’invoquer la furie des éléments que de s’interroger sur les fautes humaines ! Des fautes, on peut en relever au moins deux. Le Japon est l’un des pays les mieux équipés sur le plan de la détection des séismes et de la prévention de leurs impacts. Là-bas, nul n’ignore la probabilité de survenue du « Big One », ni la vitesse phénoménale de propagation d’un tsunami. La vague qui a balayé vendredi la côte nord-est dix minutes seulement après le tremblement de terre était tout sauf inimaginable. Et pourtant, le bord de mer a été laissé à l’appétit des promoteurs soumettant les habitants à un risque maximum.

Et que penser du défi présomptueux qui consiste à installer des centrales nucléaires les pieds dans l’eau, sur ces lignes de fracture terrestre ? Il faudrait attendre que l’émotion soit « retombée » pour poser ces questions ? N’est-ce pas au contraire quand le monde entier est bouleversé par la tragédie qu’il convient de forcer un débat qu’il ne serait jamais temps d’aborder, si l’on écoutait Nathalie Kosciusko-Morizet et ses semblables en démagogie ?