Parutions
dans l’hebdo N° 1143 Acheter ce numéro
Travail, les raisons de la colère
_ Vincent de Gaulejac, Seuil, 335 p., 21 euros.
Vincent de Gaulejac, directeur du laboratoire de changement social à l’université Paris VII-Diderot, passe en revue les mutations à l’œuvre dans le monde du travail pour s’intéresser aux symptômes du mal-être, comme le stress, les dépressions, les suicides, l’épuisement professionnel… Quelles en sont les causes profondes, et comment en sortir ?
Les conditions « objectives » de travail sont certes plus confortables qu’il y a un siècle, mais les conditions « subjectives » semblent se dégrader. Ce phénomène frappe particulièrement les grandes sociétés, mais les PME sont aussi touchées à partir du moment où elles deviennent dépendantes, comme fournisseurs ou comme clientes, de systèmes de gestion qui leur sont imposés. Même le secteur associatif est concerné.
Partant de l’exemple emblématique de France Télécom, l’auteur analyse les liens entre la vague de suicides, les politiques de réorganisation et le management mis en œuvre par la direction. Surtout, il montre que les mêmes symptômes de mal-être sont à l’œuvre dans les secteurs non-marchands et les secteurs publics. L’ambition de cet ouvrage est aussi de sortir de « l’idéologie des ressources humaines » , qui est l’une des causes majeures de l’incapacité à comprendre les sources du mal-être au travail.
L’Antisémitisme partout
_ Alain Badiou, Éric Hazan, La Fabrique, 60 p., 10 euros.
Voilà un petit livre bigrement efficace. Alain Badiou et Éric Hazan y passent en revue toutes les formes d’antisémitisme qui rôdent encore ici ou là dans la société française : nostalgiques du IIIe Reich, profanateurs de tombes, négationnistes, intégristes chrétiens, gauchistes égarés issus de la Vieille Taupe. Ils n’oublient pas même Dieudonné, et ils ont raison. Mais ils réfutent en revanche un antisémitisme des « banlieues » qui serait l’apanage de jeunes Français arabes. Badiou et Hazan soutiennent que, si l’hostilité que ces derniers nourrissent à l’égard de la politique israélienne se projette parfois sur les juifs de France, c’est en grande partie parce que les organisations qui prétendent (abusivement) représenter les juifs défendent souvent Israël avec plus de zèle que l’ambassade de ce pays elle-même. Le philosophe et l’éditeur-essayiste citent ensuite les « nouveaux inquisiteurs », et démontent leurs méthodes. Un décryptage acéré de l’une
des grandes impostures intellectuelles et morales
de ces dernières années.
Abraham Serfaty
_ Lotfi Chawqui, La Courte Échelle/Transit, 36 p., 4 euros.
Ce bel opusucule retrace les « itinéraires politiques d’un militant révolutionnaire », le principal opposant au roi du Maroc Hassan II, Abraham Serfaty. On connaît bien sûr la longue détention de celui qu’on a appelé le « Nelson Mandela marocain », incarcéré sans interruption de 1974 à 1991. On découvre grâce à cet ouvrage la pensée et le parcours politique de ce juif marocain, l’un des rares au Maroc à demander l’autodétermination du Sahara occidental, question taboue au royaume chérifien.
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