Proche-orient : le plan de réforme exacerbe les tensions sociales
dans l’hebdo N° 1146 Acheter ce numéro
Alors que l’objectif du plan est d’en finir avec l’aide internationale à l’horizon 2013, le Premier ministre court le risque d’attiser la grogne populaire. D’ici là, en effet, la hausse de l’impôt doit permettre d’élever le revenu intérieur afin d’assurer l’indépendance financière du futur État. Mais elle intervient en même temps qu’une explosion des inégalités sociales, du fait du retour au pays de la vieille bourgeoisie palestinienne et de l’ascension d’une classe sociale aisée, grassement rémunérée par les ONG, dont les salaires peuvent être 10 à 20 fois supérieurs à ceux du travailleur lambda. Seulement 2 % de la population se partageraient ainsi 70 % des richesses du pays. Pour l’économiste Youssef Abdel Haaq, avec un niveau d’imposition unique de 20 %, quel que soit le revenu, les taxes sur les biens de consommation et l’essence pèsent déjà sur les ménages et rapporteraient à ce jour 1,9 milliard de dollars à l’Autorité, « soit 47 % des 4 milliards du PIB , précise-t-il. L’équivalent de ce que l’on trouve en Égypte ou en Syrie, des États indépendants depuis cinquante ans ».
En parallèle, favorisés par le plan de réforme, de grands empires financiers se développent dans l’agroalimentaire, le matériel de construction ou les télécommunications, jouant parfois de leurs connivences avec le politique pour gagner de nouveaux marchés. « Le plan prétend en finir avec la corruption ; en réalité, il ne fait qu’en changer les règles, ironise un commerçant de Naplouse. Avant, il s’agissait d’une question de loyauté envers le pouvoir ; aujourd’hui, ce n’est plus qu’une question de qui peut payer. »
Dans ce contexte, le lancement d’un grand emprunt visant à renflouer les caisses du futur État annonce déjà la couleur. Après l’ingérence des bailleurs de fonds internationaux, le futur pouvoir palestinien pourrait bien avoir à compter avec celle du capital, national ou étranger. En attendant, la normalisation économique avec Israël est déjà sur les rails, parfois au travers de ces grands empires, et les tensions sociales sont de plus en plus palpables.