Questions révolutionnaires
dans l’hebdo N° 1142 Acheter ce numéro
La Libye révolutionnaire ressemble peut-être déjà à son avenir. Celui
d’un État fédéral qui tiendrait compte
de la division géographique tout
en préservant une unité nationale.
Tout sépare Benghazi de Tripoli.
Bien plus que la distance. La ville orientale est libérée du dictateur
depuis près d’une semaine, alors
que la capitale administrative, située
à l’ouest du pays, lutte toujours
contre un clan irascible et criminel
qui résiste à la rue et à une partie
de l’armée qui a abandonné Kadhafi.
Mais les deux grandes villes libyennes vivent aussi des temps politiques différents. Alors que les combats font toujours rage autour et dans Tripoli, Benghazi est déjà à l’heure de l’après-Kadhafi. Un comité s’est créé qui
tente d’organiser la vie quotidienne.
Un embryon de gouvernement provisoire s’est également constitué avec
un personnel qui a longtemps servi
le régime. D’où une extrême méfiance
de la population. L’est libyen libéré semble hésiter entre l’enthousiasme
de la victoire et les nouvelles toujours inquiétantes venues de Tripoli. Qu’adviendrait-il si cette incertitude devait perdurer ? D’autant que, faute d’une interdiction internationale
de fermeture de l’espace aérien,
les avions de Kadhafi survolent
de temps à autre Benghazi.
Avec quelles intentions ?
Beaucoup plus à l’ouest, la Tunisie
vit une autre phase de sa révolution.
La population a eu, dimanche, la peau
du gouvernement provisoire dirigé
par l’ancien Premier ministre de Ben Ali. La révolution hésite entre la volonté
de certains d’aller plus loin pour éradiquer toute trace de l’ancien régime, et la nécessité éprouvée par d’autres
de laisser la période transitoire s’écouler jusqu’à des élections démocratiques. Entre la Libye et la Tunisie, il existe cependant une différence de taille.
Alors qu’en Tunisie il existe une tradition politique et syndicale, la Libye est
peut-être en train de sortir de quarante-deux ans de néant. Les Libyens ont
tout à réinventer, sans délai.