Cuba « rectifie » son modèle
Le 6e congrès du Parti communiste cubain vient d’adopter 311 mesures économiques. La population oscille entre espoir et scepticisme.
dans l’hebdo N° 1149 Acheter ce numéro
Le 6e congrès du Parti communiste cubain – le premier depuis 1997 – s’est ouvert, samedi, à La Havane. À l’ordre du jour, l’adoption des réformes économiques. Les mille délégués présents ont voté 311 mesures censées « actualiser » le modèle socialiste en place depuis 1961. En préambule, Raul Castro, successeur de son frère Fidel depuis 2006 à la présidence, annonçait la limitation des mandats des dirigeants à 10 ans (deux mandats de 5 ans) pour « assurer un rajeunissement systématique de toute la chaîne de responsabilité » .
Rajeunissement en effet… on apprenait mardi, à la fin du Congrès, que Raul, 80 ans bientôt, prenait la direction du parti unique en plus de ses fonctions présidentielles. Il a également appelé à « laisser de côté le formalisme, l’immobilisme et le dogmatisme » tout en rappelant que « la défense de l’indépendance, des conquêtes du socialisme, [des] rues et [des] places restera le premier devoir de tous les patriotes cubains » . Au programme de cette « rectification » : la réduction des emplois du secteur public – qui représentent 95 % des salariés –, l’ouverture de l’économie à l’initiative privée, l’autonomie des entreprises d’État, la décentralisation de la production agroalimentaire et l’ouverture aux capitaux étrangers.
Les Cubains oscillent entre espoir et scepticisme. Mesure phare sur laquelle avaient principalement porté les débats populaires : la disparition de la libreta (le carnet de rationnement en place depuis 1963) « doit être une des mesures qu’il sera indispensable d’adopter dans le cadre d’une amélioration de la productivité du travail » a indiqué Raul Castro. Il a estimé qu’aucune proposition n’était « en contradiction ouverte avec l’essence du socialisme » et ne comportait de risque « d’une concentration de la propriété » . Cette spectaculaire libéralisation concernerait-elle aussi la liberté de penser, de s’exprimer et de s’organiser ?