L’écologie politique au tournant

Un candidat apparemment populaire mais cible de railleries sur ses collusions passées avec le pouvoir en place et les gros pollueurs : Nicolas Hulot. Une candidate vêtue d’une si incorruptible cuirasse que charisme et chaleur ont du mal à s’en extraire : Eva Joly. Au moins un « outsider », le militant antinucléaire Stéphane Lhomme, qui a fait connaître sa volonté de participer lui aussi à la primaire. Telle est l’équation que doivent résoudre les militants d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Avec une autre variable : cette petite musique, aujourd’hui discrète, mais qui risque demain de devenir assourdissante, jouée par Daniel Cohn-Bendit et José Bové. Leur position : si la menace Marine Le Pen se précise, le candidat écologiste pourra s’effacer de la course à l’Élysée au profit d’un « vote utile ».

C’est plus que le candidat idéal, ou le moins mauvais, que doivent choisir mi-juin les écologistes. De la nature de cette candidature dépendra l’orientation future de la « coopérative partie ». « D’un côté, une femme qui a fait chuter les puissants ; de l’autre, un homme qui s’assoit à côté d’eux pour parler de la nature » , résume Patrick Farbiaz, assistant de Noël Mamère, engagé aux côtés d’Eva Joly. Ceux qui ne voient pas d’un mauvais œil la candidature Hulot croient en la dynamique de « rassemblement » qu’il pourrait provoquer. L’éthique ou l’ouverture, tel est le choix. D’un côté, le risque de mener une campagne difficile médiatiquement, mais la préservation d’une identité forte, d’une volonté inflexible de rendre justice, qu’elle soit environnementale, sociale ou économique. De l’autre, une promesse de médiatisation, l’espoir – illusoire vu le contexte – d’un score électoral à deux chiffres. Le tout au prix d’une vraie complaisance avec les fauteurs de crises, synonyme à terme d’abdication. C’est la nature même de l’écologie politique qui est en jeu pour 2012.
Une écologie politique cantonnée à l’accompagnement, à l’aménagement des crises, ou encore capable de construire et de porter, avec d’autres, de véritables alternatives.