Les jeunes, génération galère
Les moins de 30 ans sont plus touchés par la crise que leurs aînés. Ceux qui trouvent un travail doivent passer sous les fourches caudines de la précarité : stages, apprentissage, CDD… Ceux qui trouvent un travail doivent passer sous les fourches caudines de la précarité : stages, apprentissage, CDD…
dans l’hebdo N° 1150 Acheter ce numéro
En cette veille de 1er mai, fête du travail, Politis a souhaité donner la parole à ceux dont on parle beaucoup… et que l’on entend peu[^2] : les travailleurs de moins de 30 ans, rarement syndiqués, peu représentés politiquement, sommés de rester tapis dans l’ombre d’une société vieillissante qui n’a d’yeux que pour un jeunisme de papier glacé…
Pour Politis , une dizaine de jeunes actifs racontent – certains sous couvert d’anonymat – ce qu’ils vivent dans ce monde du travail qui les rejette (un actif de moins de 29 ans sur quatre est au chômage), les maltraite (34 % des moins de 25 ans occupaient, en 2009, des emplois précaires), les exploite (40 % d’écart de salaire entre un trentenaire et un cinquantenaire aujourd’hui, contre 15 % en 1975)… Un monde où la jeunesse de France – qui sera au cœur des batailles politiques de l’avant-2012 – ne demande pourtant qu’à se faire une place.
Malgré les barrières qui se dressent à l’entrée de la vie active, ces jeunes que l’on dit inexpérimentés ou dilettantes ne manquent pas de courage. Accrochés à leurs rêves ou résignés, ceux qui n’ont connu que la crise continuent, chacun à sa manière, de se débrouiller, d’innover, de résister.
Hélas, au-delà des sporadiques – mais récurrentes – bouffées de colère collectives (contre le CPE en 2005, la loi de réforme des universités en 2007, la réforme des retraites l’an dernier), c’est trop souvent dans la solitude que cette jeunesse fait face. La faute au défilement permanent des boulots précaires, au déclassement social, à la concurrence entre pairs ou à la flexibilité, qui n’aident pas à construire un collectif stable et revendicatif… S’ajoute à cela la nature même d’un travail toujours plus dur du fait de la réduction des effectifs couplée aux injonctions de productivité.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : le sort réservé à la « génération bizut » n’est qu’une étape de la transformation profonde du monde du travail. Derrière la « guerre des générations », c’est bien la lutte des classes qui reste l’horizon.
[^2]: Pour partager avec eux non un brin de muguet (trop cher !) mais une fleur de pissenlit, RDV à la première Fête des précaires et du pissenlit le samedi 30 avril (www.fetedesprecaires.org).
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