Amnesty International : « Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité »
Au terme d’une année particulièrement mouvementée à travers le monde, l’organisation internationale fait le point sur ses préoccupations et souligne l’apport inédit de WikiLeaks et d’Internet dans le combat des défenseurs de droits.
Amnesty international publiait ce vendredi 13 mai son rapport annuel sur les droits humains à travers le monde. Une année exceptionnelle pour l’organisation qui salue l’activité des mouvements citoyens mais reste préoccupée par les répressions dont sont victimes les militants des droits.
Plus que jamais, le rôle crucial d’Internet dans les combats pour les droits humains est souligné par Amnesty. « L’information est source de pouvoir : pour ceux et celles qui contestent les abus de pouvoir commis par les Etats et les autres institutions, nous vivons une époque exaltante » , s’enthousiasme Salil Shetty, le Secrétaire général de l’organisation. Facebook et Twitter sont à l’honneur pour leur rôle dans les révolutions arabes, mais surtout WikiLeaks qui a ouvert un espace inédit pour la circulation d’informations indépendantes : 100 000 documents concernant la guerre en Afghanistan ont été rendus public en juillet, 400 000 autres sur la guerre en Irak en octobre, dans l’ombre des 220 dépêches confidentielles de la diplomatie américaine, qui ont provoqué une « onde de choc » à travers le monde, d’après Amnesty.
La révélation de documents concernant la Tunisie[^2] est présenté comme un élément déterminant dans le déclenchement de la « Révolution de jasmin ».
- Vidéo : Amnesty dresse un bilan de l’année 2011 : « Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité, beaucoup de gens dans le monde veulent que les choses changent. »
Le cas français
En France, Amnesty pointe le projet de loi sur l’immigration et l’asile comme une menace pour ce droit fondamental et critique le texte installant un Défenseur des droits. L’organisation s’inquiète des mauvais traitements « qui auraient été infligés par les agents de la force publique » , d’après des observations constatées par le Comité contre la torture de l’Onu le 14 mai 2010. Amnesty rappelle que les décès en détention restent nombreux, tandis que les enquêtes « semblent manquer d’indépendance et d’impartialité » . Le traitement réservé aux Roms et aux gens du voyage est aussi brocardé, de concert là aussi avec l’ONU et le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale.
[^2]: « Certains de ces documents montraient notamment de façon très claire qu’un certain nombre de gouvernements de la planète étaient au courant de la répression politique et de l’absence de perspectives économiques dont souffrait une grande partie de la population, mais s’étaient bien gardés d’intervenir pour que les choses changent, estime Salil Shetty, Secrétaire général d’Amnesty en prologue du rapport. L’une des dépêches rendues publiques a par exemple permis de constater que le représentant du Canada et les ambassadeurs des États-Unis et du Royaume-Uni en poste à l’époque à Tunis reconnaissaient tous les trois que les forces de sécurité tunisiennes torturaient les détenus. »
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