Eh ben c’est pas gagné…
Le collectif Osez le féminisme publie Vie de meuf, recueil tragicomique sur le sexisme ordinaire.
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«Vie de meuf ». Bien articuler, sinon on entend « vide », et ce n’est pas l’idée. En tout cas, sûrement pas « vider » les « meufs » (« femmes » en verlan) mais au contraire ce qui les accable au quotidien, à la maison, au boulot, dans la rue, chez des amis… Le site « viedemeuf » a été créé le 13 juillet 2010 par le collectif Osez le féminisme (OLF) pour collecter des exemples de sexisme – machisme, homophobie et xénophobie – ordinaire, que l’ouvrage du même nom publie aujourd’hui, classés par thèmes.
Égalité : « Dans mon couple, la répartition des tâches domestiques s’établit naturellement et souvent de manière improvisée en fonction des horaires de présence au domicile ou bien des aptitudes et des goûts des partenaires […]. Un détail : Je suis une femme qui vit avec une femme. »
Tâches ménagères : « Cette fois-ci, mon mari a trouvé une excuse irréfutable pour ne pas changer notre bébé… Ben oui, à l’aéroport, la table à langer est dans les toilettes des dames. »
Homophobie : « Je suis un homme, étudiant, et j’ai postulé pour un poste de caissier. La personne en charge de l’entretien me dit : – Ça ne vous gêne pas de faire un boulot de femme ?
– Vous avez bien un homme, déjà.
– Oui, mais lui, il est homo… »
Formatage : « Premier jour d’adaptation à la crèche pour ma fille de 2 ans. La puéricultrice lui montre les jouets et lui tend un mini-fer à repasser. – Tiens, pour faire comme maman ! »
Le principal intérêt de cet ouvrage vient du cumul des témoignages. « Au début, on rit franchement. Puis, à force de les parcourir, on rit jaune. À la fin, on ne rit plus du tout » , confie l’équipe d’OLF. Des filles (et des hommes) de 20 à 30 ans qui ont grandi avec l’idée que les combats féministes avaient porté leurs fruits pour découvrir, en entrant dans le monde du travail, que les inégalités avaient la peau dure.
2011 : 27 % de différence de salaires entre les hommes et les femmes, 80 % des tâches ménagères assumées par les femmes, seulement 10 % des enfants gardés en crèche, 83 % des postes à temps partiel occupés par des femmes, 18,5 % de députées à l’Assemblée.
Pour agrémenter les saynètes, des encadrés « Qu’en pense Marianne ? » : « La loi punit toute distinction opérée entre les personnes physiques en raison notamment de leur sexe… » Des rappels historiques : « 1990 : l’Organisation mondiale de la santé supprime l’homosexualité des maladies mentales, mettant fin à plus d’un siècle d’homophobie médicale. »
Et des ripostes qui tuent : *« Passez-moi le chef. – C’est une femme, je vous la passe quand même ? »
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