Europe-Ecologie-Verts : le prix du compromis

Pour dix euros, les nouveaux adhérents d’Europe Écologie-Les Verts pourront voter aux primaires. Avant cela, nombre de questions de fond restent à trancher.

Ivan du Roy  • 19 mai 2011 abonnés
Europe-Ecologie-Verts : le prix du compromis
© Photo : AFP / Patrick Hertzog

Dix euros. C’est le prix du compromis passé entre les partisans de Nicolas Hulot et ceux d’Eva Joly. Et celui de l’adhésion nécessaire pour pouvoir participer aux primaires. L’ancien animateur souhaitait les ouvrir le plus largement possible pour damer le pion à l’ex-magistrate. Entre une adhésion à 1 euro qu’Hulot et son entourage réclamaient, et les 20 euros initialement fixés, le conseil fédéral d’Europe Écologie-Les Verts a tranché, pile entre les deux. 5 000 nouvelles adhésions, en plus des 10 000 actuelles, sont ainsi attendues. Un compromis, donc, et une image d’union, Nicolas et Eva bras dessus, bras dessous.

« Il y a une volonté réelle de dépasser les conflits de personnes » , constate Élise Lowy, conseillère régionale de Basse-Normandie et membre du conseil fédéral, « mais, au nom du rassemblement, on occulte les débats » . Car derrière l’apparente unité affichée le 14 mai, nombre de questions de fond restent à trancher. En premier lieu, celle de la démocratie interne. Trois grandes motions se disputeront les voix des adhérents lors du congrès, le 5 juin prochain. Celle de la direction (Maintenant), défendue par Cécile Duflot ou Philippe Meirieu, recherche le compromis. La motion « Construire », soutenue par Daniel Cohn-Bendit et José Bové, vise à poursuivre l’élargissement entamé depuis le lancement d’Europe Écologie face au « fonctionnement bureaucratique » des Verts. Ses détracteurs y voient le projet de fonder un « parti à l’américaine » où les joutes entre stars médiatiques remplaceraient les discussions sur le programme. Enfin, la motion « Envie » regroupe une partie de la gauche des Verts qui vise à renouer avec la dimension populaire et sociale de l’écologie politique, tout en s’opposant au « capitalisme vert » . Aucune motion ne soutient explicitement l’un des candidats. De leurs résultats au congrès dépendront la configuration de la nouvelle direction du parti et la reconduction – ou non – de Cécile Duflot.

Les primaires, elles, se dérouleront fin juin. En plus d’Eva Joly et de Nicolas Hulot, trois autres candidats, dont l’élu alsacien Henri Stoll, vont tenter de recueillir les 200 parrainages nécessaires. Les débats devraient s’animer car, en interne, les militants les plus à gauche attendent encore de Nicolas Hulot certaines garanties : sur le nucléaire, les retraites, le revenu universel ou les sans-papiers. Sujets sur lesquels il ne s’est pas encore prononcé malgré un discours perçu comme « très œcuménique » par la gauche des Verts. En cas de virage centriste, celle-ci pourrait lorgner vers les Objecteurs de croissance ou le Front de gauche.

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