Le fiasco des jobs allemands à un euro
Les dispositifs prônés par Laurent Wauquiez sont une réalité outre-Rhin depuis six ans. Conclusion : ils ne permettent pas de retrouver du travail et font concurrence aux véritables postes.
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Faire travailler les bénéficiaires du revenu minium pour presque rien, au service de la collectivité, c’est aussi le principe des jobs à un euro en Allemagne. Lancés en 2005 par le gouvernement social-démocrate et vert de Gerhard Schröder, ils devaient aider les chômeurs de longue durée à se réinsérer dans le monde du travail. Concierge dans des écoles ou des associations, aide aux espaces verts des communes ou dans les maisons de retraite, ces travaux à durée déterminée d’une vingtaine d’heures par semaine sont en réalité dédommagés (c’est le mot utilisé) environ 1,50 euro de l’heure. À la fin du mois, le chômeur-travailleur perçoit autour de 120 euros en plus de son allocation de 364 euros (le logement est par ailleurs pris en charge par les communes dans une certaine limite). Plus de 170 000 bénéficiaires de ce dispositif (Hartz IV) exerçaient un job à un euro en avril, sur 4,7 millions d’adultes au revenu minium.
Mais, six ans après son introduction, la mesure est un échec selon la Cour des comptes allemande, qui a fait part de ses critiques au gouvernement à l’automne. D’après les experts, les jobs à un euro n’aident pas les chômeurs à retrouver un vrai travail. Pire, dans plus de la moitié des cas, leur utilité publique est douteuse ou ils font concurrence aux entreprises privées, quand il s’agit de déménager des bâtiments publics, par exemple. Ils prennent donc la place de véritables postes, à bien moindre coût du point de vue des employeurs directs en tout cas. Car l’État, lui, verse des subventions pour chaque travailleur aux communes et aux associations, en échange de l’accompagnement du chômeur. Et cela devient trop cher. La ministre du Travail, Ursula von der Leyen, veut aujourd’hui réduire les coûts. Reste un avantage pour le gouvernement : les travailleurs à un euro sortent des statistiques du chômage.