Les irresponsables de la SNCF
dans l’hebdo N° 1152 Acheter ce numéro
Dès le début de son mandat, Nicolas Sarkozy réserve une attention particulière aux 160 000 cheminots de la SNCF, désignés à la vindicte par ses lieutenants comme des fauteurs de troubles dès qu’une grève « paralyse » les transports publics. Sarkozy n’est pas le dernier à distiller des propos démagogiques, parlant des gens « empêchés de travailler » , incitant les usagers salariés à s’en prendre aux salariés cheminots. Sur TF 1, lors d’un JT du soir, il invente de toutes pièces un cheminot qui « ne respecte pas celui qui travaille, parce que pourquoi travailler si quand on ne travaille pas on est payé », et annonce qu’à l’avenir « les jours de grève ne seront plus payés » , une contre-vérité destinée à convaincre l’opinion publique que les privilégiés sont à chercher du côté des travailleurs du rail.
Dans la foulée, sans débat, une loi sur le « service minimum » est concoctée et sera adoptée en août 2007. L’obsession élyséenne va jusqu’à jeter en pâture les fameux régimes « spéciaux » de retraite « qui ne correspondent pas à des métiers pénibles ». « Je vais changer cette situation parce qu’elle est indigne » , lance Sarkozy. Une première manœuvre avant la grande réforme des régimes de retraite. En arrière-plan, le « service minimum » est destiné à museler les syndicats, car se dessine la privatisation de la SNCF. Financement des voies, trafics fret et voyageurs sont livrés au marché. Les missions de service public sont revues à la baisse. En 2009, après la grève de la gare Saint-Lazare à Paris, les menaces pleuvent : Sarkozy dénonce une « organisation syndicale irresponsable [SUD-Rail] », qui « casse le service public et bafoue l’intérêt des usagers du service public en fermant la deuxième gare de France, sans prévenir personne ». Les cheminots sont devenus les principaux responsables de la casse de la SNCF. On croit rêver.