Pour une nouvelle union des gauches
dans l’hebdo N° 1152 Acheter ce numéro
« La majorité politique des Français démocratiquement exprimée vient de s’identifier à sa majorité sociale » : c’est ainsi que s’exprimait François Mitterrand en 1981. Trente ans après, cette phrase reste plus actuelle que jamais. Les salariés représentent plus de 91 % de la population active dans notre pays, et la moitié gagnent moins de 1 500 euros par mois. Voilà la base sociale naturelle de la gauche ! Nous devons marteler cette idée : la France est de gauche ! La droite ne parvient à l’emporter qu’en trompant des milliers de salariés par sa démagogie pseudo-sociale ou en détournant la colère populaire vers l’abstention et le vote FN.
Depuis 2002, et plus encore depuis 2007, la droite brutalise le salariat pour servir les intérêts du CAC 40. Face à cette politique de classe, le mouvement social n’est pas resté inerte. Les grandes grèves de 2009 sur les salaires, la résistance acharnée face aux licenciements boursiers et aux suppressions de postes le prouvent. La poussée vers la grève générale lors du conflit sur les retraites a même été à un cheveu de tout rafler. En difficulté dans la rue, la droite l’est aussi dans les urnes, où elle est balayée à toutes les élections depuis deux ans. Malgré cette force accumulée, la gauche peine à offrir un cap à tous ceux qui veulent en finir avec le sarkozysme.
Dans cette bataille, c’est le parti majoritaire de notre camp, le PS, qui est en première ligne. Ou bien il sera le ferment de l’unité supérieure d’une gauche offensive. Ou bien il se résignera à faire accepter aux salariés de ce pays la politique des actionnaires. À ce titre, la désignation du candidat PS intéresse au plus haut point la totalité des forces de gauche. Jean-Pierre Chevènement le reconnaît, lui qui vient d’annoncer que sa candidature a pour ambition de « bouger les lignes » . Comment en effet imaginer « bouger » la gauche si son parti majoritaire tourne le dos aux aspirations de ceux qu’elle est censée défendre ?
DSK et Hollande sont par excellence les candidats de la dette. Ils ne débutent aucune interview sans rappeler que leurs marges de manœuvre seront étroites en raison du déficit des caisses publiques. Ils ne veulent pas voir que c’est précisément parce que Sarkozy les a siphonnées au profit du privé qu’elles sont désespérément vides ! Ils n’ont même pas commencé à faire qu’ils expliquent déjà… qu’ils ne pourront rien faire ! Puisqu’ils refusent de s’attaquer au capital pour doper les recettes, les candidats de la dette sont condamnés à prôner une austérité de « gauche » que l’on a bien du mal à distinguer de celle de Fillon.
Face à ces candidats qui expriment à merveille la pression des agences de notation sur notre camp, qui sont les partisans de la relance ? Il y aurait bien Montebourg, qui se positionne à gauche, mais son orientation par trop institutionnelle l’empêche par avance de toucher de larges franges du salariat. Il ne reste donc que Martine Aubry, qui, malgré ses hésitations, s’est prononcée pour le programme que formulent à tâtons les salariés. En trois ans, Martine Aubry a remis le PS en ordre de bataille et a lancé la « maison commune de la gauche » . Elle est, sans conteste, la candidate socialiste naturelle. Sauf qu’elle tarde à se déclarer, et le tapis rouge pâle de DSK se déroule. Ses silences sont assourdissants, ceux de la gauche du Parti étourdissants.
Comment un courant représentant près d’un quart des militants socialistes peut-il rester à ce point muet ? La gauche du PS a toute sa légitimité dans ce débat. Elle dirige de nombreuses fédérations et elle fourmille de talents bien connus des Français : Hamon, Emmanuelli, Lienemann, Filoche.
La gauche socialiste doit désigner un candidat. Un candidat qui reprendra naturellement son corpus idéologique qui fait toute sa force : 35 heures, retraite à 60 ans sans décote, Smic à 1 600 euros, pas de revenus supérieurs à 20 fois le Smic. Avec des fondations aussi solides, une nouvelle union des gauches est possible. Un tel candidat pourra appeler au désistement à son profit du reste de la gauche en échange d’une discussion programmatique et d’un accord de circonscriptions. Rien de grand ne s’est fait dans ce pays sans l’unité de toute la gauche. Unie et offensive, la gauche peut tout !