PS : changer le moins possible
Parti socialiste Les socialistes réunis en convention nationale, samedi, bouclent leur projet pour 2012. Le calendrier des primaires est maintenu.
dans l’hebdo N° 1154 Acheter ce numéro
Comme si de rien n’était. Tel semble être le mot d’ordre du Parti socialiste après la folle semaine qui a suivi l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York. Samedi, les socialistes se retrouveront en convention nationale pour mettre la dernière touche à leur projet pour 2012. « Ce sera un grand moment d’unité et de rassemblement, annonce Benoît Hamon, le porte-parole du parti, une manière de montrer aux Français que nous avançons en rangs serrés. » Le projet, aboutissement de quatre grandes conventions nationales et de plusieurs forums thématiques, qui avait déjà été approuvé par le conseil national du PS, le 9 avril, à l’unanimité, a été adopté à 95,14 % par les militants lors d’un vote dans les sections organisé le 19 mai. 74 500 militants ont participé à ce scrutin, sur un peu moins de 150 000 inscrits.
Prévu de longue date, le rendez-vous de ce week-end sera aussi mis à profit pour marteler que « le parti socialiste est le premier parti de ce pays à avoir préparé, rédigé, débattu et validé son projet en vue de l’alternative de 2012 » , comme l’a fait valoir Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections, en présentant les résultats du scrutin interne. Pas sûr que cela fasse oublier DSK. Car ce texte, fruit de subtiles négociations entre toutes les sensibilités du PS, a été conçu pour permettre la candidature de l’ex-directeur général du FMI : exigences sociales a minima, confiance dans les marchés, refus de l’affrontement avec les banques et la finance internationale, absence de remise en cause des traités européens en constituent les grandes lignes. De sorte qu’après avoir perdu son candidat « naturel » – celui autour duquel s’était réglée la vie du parti depuis le congrès de Reims –, le PS hérite du programme que, peu ou prou, ce dernier s’apprêtait à défendre.
Qui pour le remplacer ? La question est délicate. Et menace surtout la fragile unité apparente du parti. Car faute d’un candidat qui écraserait tous les autres, le duel qui se dessine dans la primaire socialiste oppose François Hollande, qui a fortement grimpé dans les sondages, et Martine Aubry, qui ne s’est pas déclarée mais apparaît comme la candidate naturelle aux yeux de ses soutiens. L’ex-Premier secrétaire face à celle qui lui a succédé. L’ancien patron des clubs Témoins, qui regroupaient les partisans de Jacques Delors, contre la fille de l’ancien président de la Commission européenne. Ce match, s’il a lieu, présente toutes les caractéristiques d’un combat fratricide entre deux « gestionnaires du moindre mal » , selon une expression d’Arnaud Montebourg. Un risque renforcé par la caractéristique des primaires, dont le débat ne portera par sur le projet politique – les socialistes viennent de l’adopter –, mais sur « les questions de personnalités », comme l’a expliqué Martine Aubry, dimanche, sur France 2.
Faut-il renoncer aux primaires pour éviter un pugilat ? Ni Martine Aubry ni François Hollande n’y sont favorables. Mais tandis que les deux camps s’activent en coulisses pour récupérer le soutien des strauss-kahniens orphelins, ces derniers multiplient les appels à « se donner du temps » pour faire émerger un candidat. Et souhaitent même, dans le cas de Gérard Collomb, « des primaires de confirmation avec un parti rassemblé » . Si le délai réclamé par les strauss-kahniens pour « travailler à définir un contrat politique nouveau » qui définirait « un dispositif, une stratégie, une équipe » , ainsi que le réclame Pierre Moscovici, a d’abord pour objectif de leur permettre de se retourner, il vise aussi à empêcher une trop grande dispersion des candidatures. Alors que le dépôt officiel des candidatures commence le 28 juin, Ségolène Royal a déjà fait savoir qu’elle n’entendait pas renoncer à se présenter aux primaires. Arnaud Montebourg bat la campagne. Quant à Manuel Valls, il n’a rien dit de ses intentions. Avec autant de candidats, les primaires pourraient devenir imprévisibles. Or Solferino déteste l’imprévu.