Quel avenir pour les révolutions arabes ?
Après cinq mois de contestation, voici venue l’heure d’un bilan provisoire et contrasté. Deux pays, la Tunisie et l’Égypte, ont obtenu la chute des régimes autoritaires en place. Ce n’est qu’une étape pour des peuples qui veulent plus de libertés et de justice sociale.
dans l’hebdo N° 1154 Acheter ce numéro
Après la Tunisie puis l’Égypte, c’est le Yémen qui semble tout près de la victoire. Samedi, l’opposition a accepté de signer un accord devant en principe mettre fin à la première phase d’un soulèvement populaire qui s’exerce depuis le mois de janvier. Selon cet accord « parrainé » par le Conseil consultatif du Golfe, le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-trois ans, devait démissionner en échange d’une garantie d’immunité. Mais, dimanche, ce dernier, qui n’en est pas à sa première manœuvre, a posé de nouvelles conditions à son départ. Isolé sur la scène internationale, où l’on craint un effet de contagion dans les pays voisins du Golfe, et notamment en Arabie Saoudite, il semble cependant condamné.
D’autant que la mobilisation populaire ne cesse de croître. Mais la situation en Tunisie, en Égypte et maintenant au Yémen pose une autre question : où doit s’arrêter le curseur de ces révolutions ? La chute de régimes autoritaires est-elle synonyme de victoire pour le peuple ? Quand auront lieu des élections libres ? Quels régimes sortiront des urnes ? De quelles libertés jouiront enfin les peuples ? Et ces libertés pourront-elles renforcer la lutte sociale ? Car il est évident que tel est l’objectif des mouvements révolutionnaires qui, depuis le mois de décembre, agitent le monde arabe : la liberté pour la justice sociale. Or, il y a parfois loin de la chute d’un dictateur à l’établissement d’un système politique garantissant davantage de libertés et de justice sociale.
C’est pour répondre à ces questions que nous avons donné une place particulière à la Tunisie, là où tout a commencé et là où les choses sont les plus avancées. On n’oubliera pas non plus les trois pays où les régimes en place résistent, parfois férocement : Bahreïn, la Libye et la Syrie. Trois situations et trois histoires de nature différente. Mais où le sang a déjà beaucoup coulé. Après l’heure déjà lointaine de l’enthousiasme à Tunis et au Caire, voici venu le temps des doutes et des questions. Sans oublier un détour par le conflit israélo-palestinien, au cœur politique et symbolique de tous les conflits qui parcourent le monde arabo-musulman.
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