Berlusconi, le début de la fin ?

Olivier Doubre  • 2 juin 2011 abonné·es

Dimanche dernier, au matin du vote, le quotidien de la gauche critique italienne, Il Manifesto, faisait ce titre génial : « Forza Italia ! » Avec le sous-titre « Tous aux urnes ! » Le lendemain, devant les résultats, il exulte ! La gauche de gauche, tout ce qui compte à la gauche du pâle Parti démocrate, vient de remporter, avec 59,4 % des voix, Cagliari (capitale de la Sardaigne), et surtout Milan et Naples. Dans la capitale du Mezzogiorno, rongée par les ordures et le crime organisé, la précarité et le chômage, le candidat de la gauche, Luigi De Magistris, juge antimafia, bat à plates coutures le candidat berlusconien, soupçonné de liens étroits avec la camorra, la mafia locale. 



Avec plus de 65 % des voix, Naples sera sans doute, pour les cinq ans à venir, une des municipalités parmi les plus « rouges » d’Europe. La liste du futur maire rassemble militants associatifs précaires, militants radicaux des centres sociaux (mouvement des squats), les mouvements antimafia, nombre d’écologistes, sachant que, dans le Sud, vouloir sauvegarder l’environnement est synonyme de lutte contre le crime organisé. Comme à Cagliari, frappée des mêmes maux, c’est donc un vote contre la corruption et pour un « bon gouvernement », dans cette ville symbole de ce Sud mal administré, délaissé par l’État, et longtemps réserve de voix pour la droite. Malgré leur écrasante majorité, les militants élus, sans expérience bien souvent, ont un difficile challenge à relever.



Autre victoire nette, celle de la gauche à Milan. Là encore, la vraie. Et dans la propre ville du Cavaliere, qui s’était beaucoup investi dans une campagne où les slogans racistes ont pullulé. Giuliano Pisapia, le candidat de gauche, honni par la droite, est ancien avocat des militants des années de plomb, jadis apparenté à Rifondazione. Sa liste réunissait là encore beaucoup des forces militantes. C’est un véritable séisme pour Silvio Berlusconi, qui ne manquera pas d’avoir des répercussions au niveau national, sa majorité apparaissant de plus en plus fragile. Il avait en effet lui-même qualifié l’élection à Milan de « test national ». Le vote des Milanais lui est donc directement adressé. Tout comme celui d’une bonne majorité des 6 millions d’électeurs (1/6 du corps électoral national) appelés à remplacer l’administration de leur ville et de certaines provinces. Le système Berlusconi semble donc touché au cœur. La suite dira s’il parviendra à se maintenir en place.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle
Analyse 13 novembre 2024 abonné·es

Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle

Après la défaite de Kamala Harris, les voix critiques de son parti pointent son « progressisme », l’absence de considération des classes populaires et le coût de la vie aux États-Unis. Les positions centristes de la candidate pour convaincre les électeurs indécis n’ont pas suffi.
Par Edward Maille