Decaux occupe le terrain

A Paris et dans treize autres villes (Lyon, Marseille, Rouen, Amiens…), l’exploitation du système de vélos partagés a été confiée à la multinationale JCDecaux (présente dans 56 pays, chiffre d’affaires de 2,35 milliards, dont 600 millions sur le territoire français). Avec la Ville de Paris, Decaux a signé un contrat qui va jusqu’en 2017 : il doit installer et entretenir les 20 600 Vélib de la capitale et les 35 000 bornes d’accrochage, et verser une redevance d’un montant de 3,4 millions d’euros à la Mairie de Paris, en échange d’un quasi-monopole sur 1 280 panneaux d’affichage de 2 m2 et 348 panneaux de 8 m2. Précision : la redevance que doit verser Decaux n’est pas indexée sur le marché publicitaire…

L’entreprise a par ailleurs la réputation de mal payer et de mal traiter les salariés, qui travaillent pour Vélib mais sont embauchés par Cyclocity [^2]. Ceux-ci ont d’ailleurs fait grève en novembre 2008 et en 2009. La Mairie de Paris est intervenue dans les négociations, les revendications semblaient apaisées, mais les démissions continuent, et plus d’une centaine de procédures aux prud’hommes sont en cours, ce qui est beaucoup pour une société employant 280 personnes…

Pour certains usagers, il y a de toute façon une contradiction entre le mode de vie urbain que propose Vélib et le modèle de société consumériste et agressif défendu par des géants comme Decaux.

Denis Baupin, qui était chargé des Transports à la mairie de Paris entre 2001 et 2008, précise qu’il était « contre le fait de recourir à Decaux » et se dit toujours « partisan d’une remunicipalisation et d’une gestion de Vélib par un syndicat de communes regroupant Paris et les municipalités qui voudraient se joindre à la capitale, ce qui faciliterait l’extension du réseau actuel. »

[^2]: Cyclocity est à la fois le nom du procédé de locations de vélos en libre-service déposé par JC Decaux et sa filiale chargée de l’exploitation de ce système.