Drogues : pourquoi il faut dépénaliser
Alors que la répression ne cesse de s’intensifier, la consommation de drogues augmente en France. Cette politique de « tolérance zéro » montrant son inefficacité, des voix s’élèvent pour demander la fin de la prohibition. Le Portugal est un excellent exemple des effets positifs d’une approche différente.
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Les usagers de drogues sont pourchassés et condamnés en France en raison de leur consommation avec une sévérité que connaissent peu de pays européens. Cette répression contribue en outre à les éloigner des systèmes de soin. Les peines ont été durcies d’année en année et le nombre d’interpellations n’a jamais été aussi élevé. Cette répression tous azimuts n’a pourtant aucun effet sur les consommations, puisque les usagers n’ont jamais été aussi nombreux en France : 500 000 personnes consomment quotidiennement du cannabis.
Depuis quelques semaines, des voix à gauche s’élèvent pour remettre en cause la pénalisation de l’usage de drogues. Récemment, une commission de l’ONU présidée par Kofi Annan a pris acte de l’échec patent de la « guerre à la drogue » chère à Richard Nixon et à Ronald Reagan. Cette commission appelle d’abord à décriminaliser l’usage des drogues. L’exemple du Portugal, qui a obtenu de bons résultats alors que la situation y était désastreuse, prouve l’utilité d’une telle mesure (voir le reportage ci-dessous). Surtout, la commission de l’ONU appelle les États à « expérimenter des modèles de régulation légale des drogues ». Donc à mettre fin à la prohibition.
En France, ces propositions ont trouvé un écho à travers les appels du maire de Sevran, Stéphane Gatignon, confronté dans sa ville à l’un des trafics de cannabis les plus importants d’Île-de-France, en faveur de la « dépénalisation de l’usage de toutes les drogues et la légalisation du cannabis ». De même, Daniel Vaillant et une vingtaine de parlementaires rendent cette semaine le rapport d’un groupe de travail qui conclut à la nécessité d’une « légalisation contrôlée du cannabis ». En face, les opposants au changement de législation continuent de croire que réprimer davantage permettrait d’éradiquer les drogues — ou du moins d’en diminuer l’usage. Or, il est impossible de hausser encore un peu plus le niveau de la répression, sauf à créer des dizaines de milliers de places de prison. Il faudra donc, tôt ou tard, changer de politique. Olivier Doubre
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