Faites sortir l’abuseur !

Secrétaire national de l’UMP en charge des politiques péniten­tiaires et des prisons, également président de l’Association nationale de la justice réparatrice (ANJR), Stéphane Jacquot regarde assurément « Faites entrer l’accusé ». Le dimanche 8 mai, le magazine présenté par Christophe Hondelatte, revisitant du fait divers réchauffé, dans l’esprit de Détective, rappelait l’affaire Vincenzo Aiutino, auteur du meurtre de trois femmes au début des années 1990, condamné à la perpétuité assortie de 18 ans de sûreté. Sur le plateau, la mère de l’une des victimes évoquait alors la douleur que représente le virement bancaire mensuel correspondant aux indemnisations versées par Aiutino. Un virement sous l’identité du meurtrier, sonnant comme un deuil impossible. Et Christophe Hondelatte de s’étonner (lui qui pourtant se pique de connaître l’administration pénitentiaire), de compatir, de plonger dans le pathos tremblotant. 


Un moment de télé que n’a pas manqué Stéphane Jacquot : le 5 juin, dans un communiqué, il alertait le garde des Sceaux, Michel Mercier, « choqué d’apprendre que les victimes de graves infractions pénales qui perçoivent chaque mois une indemnisation suite au procès voient l’identité de l’auteur apparaître sur leur relevé bancaire. De plus, en fonction des revenus de l’auteur, l’indemnité peut être dérisoire et versée sur une très longue durée ». C’est exactement le cas d’Aiutino, dont les virements ­mensuels sont de quelques centimes seulement.


À l’occasion d’autres magazines, et à plusieurs reprises, Christophe Hondelatte a remis en cause subtilement les remises de peine. De quoi inspirer très largement le rapport d’Éric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, remis ce mardi 7 juin à Nicolas Sarkozy, et tout entier consacré à l’exécution des peines, aux limites de leurs aménagements et prônant davantage de geôles. Encore un effort M. Hondelatte (lequel déclarait le 15 mai dernier dans « Médias, le magazine », sur France 5, « faire la bise » à Marine Le Pen sans problème), et l’Élysée reviendra sur l’abolition de la peine de mort. Avec, pourquoi pas, le rétablissement du supplice de la roue. Dare-dare et séance tenante, puisque l’animateur passera le relais à la rentrée prochaine pour se lancer dans la chanson (sic). Comme quoi, « Faites entrer l’accusé » crée des vocations [^2].


[^2]: Voir : http://www.wat.tv/video/hondelatte-devient-chanteur-2swi92exyv.html