Musiciens : comment se faire entendre ?
Dossier spécial Fête de la musique. Début avril, le jazzman Laurent Coq ouvrait un débat avec son blog Révolution de jazzmin. Il soulignait la difficulté croissante des jeunes musiciens à se faire connaître dans un contexte de marchandisation. La Fête de la musique est l’occasion de faire le point sur leurs situations et leurs propositions.
dans l’hebdo N° 1157 Acheter ce numéro
Et si la musique était libre ? Comme un logiciel libre ? Librement copiée distribuée et modifiée ? Des internautes en rêvent, en réaction aux circuits de production et de distribution. Quelques musiciens revendiquent la diffusion sous « licence ouverte » pour s’affranchir des contraintes commerciales. C’est aussi la position d’une cybergénération qui télécharge sur de multiples supports un nombre d’œuvres qu’une vie ne suffit peut-être pas à écouter. Mais la musique, c’est du temps, du travail et une économie, rappellent un certain nombre de professionnels. Pas des réacs assis sur leurs petits empires marchands. Mais des musiciens, des producteurs, des diffuseurs qui souffrent de voir leur métier et surtout leur art dissous dans une société du divertissement adepte de la concurrence absolue et du cumul des fonctions. Ainsi, les musiciens qui démarrent doivent désormais, en plus de leur pratique instrumentale, maîtriser les activités d’enseignant, de leader, de manager, de producteur, d’agent, d’attaché de presse, etc. Question de survie : la crise du disque et les efforts mis sur l’apprentissage aboutissent aujourd’hui à un goulet d’étranglement. Où tous ces excellents musiciens sortant d’écoles vont-ils bien pouvoir jouer ? Alors même que leurs aînés réputés voient leur nombre de concerts diminuer face à des têtes d’affiche qui squattent les playlist. C’est l’heure de la débrouille, de la multi-activité, de l’autoproduction, de l’autodiffusion et de l’autopropulsion sur la scène mondiale via des contacts décrochés sur la toile. C’est l’heure aussi de revoir le fonctionnement des politiques culturelles et d’interroger la responsabilité des lieux de diffusion, y compris privés, dans le maintien de la diversité. Il sera plus question de conditions de travail que d’esthétique dans ce dossier pré-Fête de la musique et volontairement très « jazz ». Parce que, côtoyant d’une part la musique classique dans les conservatoires, et d’autre part les musiques actuelles sur scène, ceux qui font la scène jazz actuelle cristallisent des difficultés et des propositions qui trouvent des échos dans l’ensemble du spectacle vivant. Et qu’ils cherchent actuellement un moyen de les faire entendre.
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