Naples : les ordures contre la gauche
dans l’hebdo N° 1159 Acheter ce numéro
Le nouveau maire de Naples, Luigi De Magistris, élu très largement il y a un mois à la tête d’une liste de gauche de la gauche, est en proie à une attaque frontale sur l’épineuse question des ordures de la part de la mafia locale, la camorra. Objet d’un trafic depuis des années et de promesses jamais tenues de la part du Silvio Berlusconi au cours des campagnes électorales successives, les ordures ménagères ne sont plus ramassées, ou seulement épisodiquement, depuis des mois, voire des années, dans la capitale du sud de l’Italie, et envahissent les rues par plus de 30 °C…
L’enjeu est de taille pour la nouvelle municipalité, qui a fait de l’environnement un de ses principaux engagements. Or, depuis quelques jours, en réaction aux résultats de la dernière élection, la camorra, aidée sans doute de certains militants de droite, ne se prive pas de déverser davantage d’ordures pour bloquer les rues, d’attaquer les équipes des services municipaux, mais aussi les volontaires des associations écologistes les plus radicales et engagées. Surtout, ils incendient également certaines montagnes de détritus, ce qui provoque une pollution encore plus grande, avec moult dioxine, et nécessite ensuite l’intervention d’équipes spécialisées.
Le nouveau maire, ancien juge ayant fait ses armes contre la corruption politique en Calabre, qui connaît bien les méthodes mafieuses, a déposé plainte, et trois enquêtes ont été ouvertes. Toutefois, il a aussi demandé à l’État, via l’armée, d’intervenir, au nom de l’urgence. Une demande à laquelle Berlusconi et ses ministres n’ont pas l’air pressés de répondre. Pour le quotidien de la gauche critique italienne Il Manifesto : « Il s’agit bien de mettre en difficulté la nouvelle municipalité. Et ce qui se passe à Naples préfigure peut-être ce qui se passerait si la gauche revenait au pouvoir en Italie » …
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