Parutions
dans l’hebdo N° 1155 Acheter ce numéro
La Terre, des mythes
au savoir, Hubert Krivine, éd. Cassini, 296 p., 26 euros.
Voilà un ouvrage qui aurait mérité ici un meilleur sort que ce laconique paragraphe. Œuvre du physicien Hubert Krivine, frère de…, mais surtout scientifique émérite, il ne s’agit pas d’une histoire de l’univers, mais de la façon dont les hommes l’ont perçu au travers de leurs illusions, de leurs mythes et religions. Passionnant récit du combat que le savoir scientifique, avec de géniaux et héroïques précurseurs, a de tout temps mené pour imposer ce qu’on pourrait appeler notre infinie relativité face aux absolutismes religieux. C’est le récit, accessible à tous, de grandes controverses, à commencer par celle qui a opposé les tenants du géocentrisme à ceux de l’héliocentrisme. Les héros de cette prodigieuse aventure s’appellent Aristote, Ptolémée, Copernic, Kepler, Newton, Giordano Bruno et quelques autres, moins connus de nous. Car, comme il se devait, Hubert Krivine ne limite pas son exploration à la tradition grecque. Il nous emmène aussi en Chine et en Inde, où se menait, avec d’autres héros, un même combat.
Chroniques de Gaza, Christophe Oberlin, éd. Résistances, 210 p., 17 euros.
Une saison à Gaza, Katia Clarens, JC Lattès, 343 p., 19 euros.
Deux livres, deux témoignages précieux écrits avec des styles et des approches différentes. On connaît bien, à Politis , Christophe Oberlin, chirurgien, engagé depuis trente ans dans la chirurgie humanitaire. Les chroniques qu’il nous livre ici couvrent dix années de visites à Gaza, presque toujours dramatiques, rarement paisibles. On y mesure la dégradation de la situation. On assiste à la prise de pouvoir du Hamas. C’est d’ailleurs le mérite de cet observateur engagé que de démystifier le mouvement islamiste pour en montrer la réalité et la complexité.
Katia Clarens nous est moins connue. Grand reporter pour le Figaro Magazine , elle nous propose ici un témoignage écrit après un séjour de cinq mois à Gaza, immédiatement après les intenses bombardements de décembre 2008 et janvier 2009. Katia Clarens brosse des portraits de femmes et d’hommes infiniment attachants et courageux. L’un des moments forts de cette « saison à Gaza » est peut-être le chapitre consacré au soldat israélien Gilad Shalit et à l’étonnant dialogue entre son père et l’un de ses ravisseurs.
Deux livres édifiants.
Il n’y a pas d’alternative,
trente ans de propagande
économique, Bertrand Rothé et Gérard Mordillat, Seuil, 178 p., 15 euros.
À la fin des Trente Glorieuses, et plus encore après la chute du mur de Berlin, les libéraux sentent que l’heure de la revanche a sonné. Pour imposer leurs idées, ils utilisent une arme rhétorique redoutable, le fameux Tina, acronyme du thatchérien « There is no alternative » , qu’ils vont répéter et faire répéter par les médias jusqu’à ce qu’il soit entendu comme une vérité révélée. Il n’y a pas d’alternative au « libéralisme ». Ce livre retrace, à travers de courts récits sur le destin d’individus ici et ailleurs, le parcours historique de Tina et de ses promoteurs. Jusqu’à ce que la crise prouve qu’en voulant nous convaincre qu’il n’y avait pas d’alternative les libéraux ont monté une gigantesque arnaque. Il n’est donc pas impossible de penser le monde autrement qu’en termes de concurrence et de profits.