Une unanimité à peine troublée
Le congrès d’Europe Écologie-Les Verts a rassemblé toutes les tendances derrière Cécile Duflot. Une première avant une incertaine primaire d’investiture pour la présidentielle entre Eva Joly et Nicolas Hulot.
dans l’hebdo N° 1156 Acheter ce numéro
« C’est mon 22e congrès écologiste, et c’est le meilleur ! », s’exclame le député Yves Cochet, qui sait de quoi il parle : ces dernières années, il a plutôt fait partie du wagon des exclus de l’accord majoritaire chez les Verts, lors des négociations sur les motions d’orientation et le choix des membres de l’exécutif. Il y avait quasi-unanimité à la tribune, samedi dernier : La Rochelle, congrès fondateur d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), restera comme un jalon historique dans la construction de l’écologie politique.
« C’est la première fois que nous parvenons à la fusion totale des motions en lice », confie Alain Lipietz. Les moins votées — Envie (18,9 %) et Objectif Terre (4,3 %) — se félicitaient d’avoir obtenu l’intégration de certaines de leurs propositions radicales. Marie Bové, pour le compte de la motion menée par Dany Cohn-Bendit (26,6 %), rechigne à souscrire à l’enthousiasme ambiant, mais reconnaît cependant que « notre message a été entendu, l’ouverture et le rassemblement sont là ». Cécile Duflot, réélue secrétaire nationale (sa motion avait obtenu plus de 50 % des voix) et ovationnée, boit du petit-lait : jamais dirigeant écologiste ne s’est trouvé en si confortable position, à la tête d’un mouvement dont elle salue « la responsabilité, l’unité et la maturité » à onze mois des échéances de 2012.
Une fois n’est pas coutume, la motion de synthèse (adoptée à 92,7 %) et l’intervention finale de Cécile Duflot prennent l’allure d’une plateforme programmatique pour la présidentielle, avec un lot de propositions radicales. « Nous serons exigeants avec nos partenaires de la gauche », insiste-t-elle. Préalable « non négociable » à tout accord pour 2012 : une loi de sortie du nucléaire en vingt ans [^2]. Les écologistes réclameraient aussi, dans les cent jours suivant une victoire gauche-écolos à la présidentielle, l’adoption du scrutin proportionnel aux législatives, l’octroi du droit de vote aux résidents étrangers, la fin du cumul des mandats politiques, le plafonnement des hauts salaires, l’abrogation des lois sécuritaires, anti-étrangers et de réforme des retraites. « Les plus touchés par la crise environnementale sont les plus fragiles : il n’y aura pas de justice écologique sans justice sociale. » Une liste d’incontournables également à l’adresse des candidats à la primaire d’EELV, car « il y aura une candidature écologiste à la présidentielle », martèle la secrétaire nationale pour ceux qui douteraient de la détermination des écologistes.
Alors que les bisbilles internes se sont limitées au veto des amis de Cécile Duflot à l’entrée au bureau exécutif de Nadir Saïfi (motion Cohn-Bendit), en raison de ses accointances centristes, ce sont les propos de Nicolas Hulot et d’Eva Joly, les deux principaux postulants à l’investiture d’EELV, qui ont assuré l’animation du congrès (voir ci-dessous). Les bouderies de Dany, quant à elles, ont fait un flop : pas un mot à son endroit, en particulier de la part de la secrétaire nationale, irritée par ses critiques sur la stratégie des écologistes [^3], qui enterrent La Rochelle par avance comme une « occasion ratée ».
[^2]: 62 % des Français y sont favorables, sondage du Journal du dimanche (5 juin)
[^3]: Le Monde (4 juin).