Aubry, l’appareil derrière elle

Michel Soudais  • 21 juillet 2011 abonné·es

Elle n’est pas encore tout à fait la favorite des sondages, mais a déjà gagné la phase parrainages et soutiens. Dernière à déclarer sa candidature, le 28 juin, Martine Aubry a déposé devant la Haute Autorité des primaires citoyennes une liste impressionnante de parrains — 597 ! — comme pour montrer à son principal rival, l’ancien premier secrétaire François Hollande, qu’elle a le parti derrière elle.


La gauche du PS, avec Benoît Hamon et Henri Emmanuelli, dont le courant réclamait qu’elle se présente avant même que DSK en soit empêché. Mais aussi Laurent Fabius et ses amis, Bertrand Delanoë, qui avait présenté une motion soutenue par François Hollande au congrès de Reims, une partie des « strauss-kahniens », avec le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis et le maire de Grenoble Michel Destot, et des anciens soutiens de Ségolène Royal en 2007, comme Jean-Noël Guérini, intouchable « patron » de la fédération des Bouches-du-Rhône.
Pléthorique aussi, son équipe de campagne compte 80 personnes. Dirigée par François Lamy, « un ami de trente ans », elle mêle des proches, des figures de la société civile, dont quelques « people » (Sandrine Bonnaire, Yamina Benguigui), des cadres politiques (mais pas d’éléphants) et des trentenaires qui comptent au PS. De quoi donner l’image d’un rassemblement très présidentiel, à l’image de sa déclaration de candidature. Martine Aubry s’était exprimée seule sur un fond bleu agrémenté de deux drapeaux, français et européen.


Celle qui veut être « la présidente du redressement de la France et du rassemblement des Français par la justice » dit vouloir mener « une campagne de proximité ». C’est toutefois par une tournée des festivals qu’elle a commencé son marathon. Le 14 juillet, elle était au pied de la scène du Concert de l’égalité organisé par SOS Racisme, sur le Champs-de-Mars, où elle a reçu devant les caméras le soutien remarqué de Yannick Noah. Le lendemain à Avignon, elle proposait d’augmenter le budget de la culture de « 30 à 50 %  », ce qui a fait bondir François Hollande et suscité une première polémique entre le député de la Corrèze et la fille de l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors. Alors que tous deux prônent un « réalisme » assez semblable. «  Tout ne sera évidemment pas possible tout de suite », disait-elle dès le 28 juin à Lille.


Dimanche, la maire de Lille s’est démarquée du projet du PS sur la question du déficit du budget, emboîtant le pas à son concurrent. « Nous nous sommes engagés, dans le projet socialiste, à respecter les engagements de la France, 3 % en 2013 puisque c’est la règle aujourd’hui », a-t-elle assuré sur Europe 1. De quoi jeter le doute sur ses engagements, « l’éducation, l’emploi et le pouvoir d’achat, l’égalité femmes-hommes, la sécurité », si la priorité des priorités est de tenir les engagements pris par Nicolas Sarkozy auprès de nos partenaires européens.

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