Des élus schizophrènes

Ils ont intégré les mots qu’il faut absolument utiliser aujourd’hui : développement durable, circuits courts, économie de terres, changement nécessaire de nos modes de vie… Ils dénoncent les excès du libéralisme et des entreprises du CAC 40, ils en appellent à de nouvelles règles et parlent même « d’apprivoiser la mondialisation ». Ils crient à juste titre que l’État étrangle financièrement leurs collectivités et qu’ils ne pourront répondre aux besoins grandissants d’une population malmenée par la crise.

Mais dans les faits, au nom de la croissance et, surtout, de leur désir de puissance, ils continuent à vouloir un nouvel aéroport, quel que soit le coût écologique et humain à payer, comme si aujourd’hui Nantes n’était doté que d’un pauvre aérodrome de campagne… Mieux encore, ils prêtent de l’argent public à Vinci ! 115 millions d’euros pour un géant du BTP qui fait de fort beaux profits en France et à l’étranger, et qui n’en a nul besoin même pour construire un aéroport labellisé « haute qualité environnementale ». Il y a trente ans, les grands groupes privés apportaient aux collectivités de l’argent frais pour obtenir des concessions sur l’eau ou l’assainissement, aujourd’hui ce sont les collectivités qui servent de banquier !

S’ils étaient de droite, on comprendrait au moins leur logique, à défaut d’y adhérer. Mais non, ils sont « de gauche », grands élus socialistes de l’agglomération nantaise, du département et de la Région. Ils ont verdi leur discours, mais sont restés sur le logiciel des Trente Glorieuses. Ils voulaient hier remblayer des zones humides de l’estuaire de la Loire pour le développement du port et n’ont jamais reconnu leur erreur, même après l’abandon du projet. Ils utilisent les mêmes arguments pour l’aéroport et tiennent pour quantité négligeable l’opposition de plus de 500 élus locaux. Schizophrénie ou trahison idéologique ? En tout cas, belle contradiction et vraie collusion avec la droite et les puissants dénoncés par ailleurs…