Dès la rentrée, la gauche en marche
Parallèlement aux socialistes, en pleine bataille des primaires, les partis de gauche vont profiter de leurs traditionnelles universités d’été pour se mettre en campagne pour 2012.
dans l’hebdo N° 1163-1165 Acheter ce numéro
L’œil rivé sur la présidentielle et les législatives, les deux principaux rendez-vous d’une année politique 2011-2012 chargée, dirigeants et militants politiques rechargent leurs batteries quelques semaines. Enfin, pas tous. Primaire oblige, des socialistes ignorent la trêve estivale. Martine Aubry, François Hollande, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et Manuel Valls ne prendront pas de congés.
D’ici au 9 octobre, date du premier tour de la procédure qui doit les départager, les candidats à la désignation présidentielle ont peu de temps pour faire valoir leurs mérites auprès des Français. Il leur faut sillonner la France, réagir à l’actualité, faire parler d’eux et tenter d’obtenir quelques pages dans la presse people. La période mobilise aussi de jeunes militants autour d’une « caravane des primaires » destinée à populariser cette compétition et à convaincre les électeurs d’y participer. Tous les autres ont prévu une pause, non sans avoir déjà fixé les rendez-vous de leur rentrée. Les écologistes, qui sont traditionnellement les premiers à reprendre le collier, tiendront leurs Journées d’été du 18 au 20 août à Clermont-Ferrand. Un rendez-vous bien connu des Verts, mais qui sera une première pour Europe Écologie-Les Verts, leur nouvelle formation. Si le programme de ces journées n’est pas tout à fait bouclé, les trois séances plénières, les six forums et les dizaines d’ateliers annoncés seront bien évidemment dominés par les perspectives électorales. Pour les organisateurs, l’objectif est de faire « bouillonner les idées autour des grands axes du projet 2012 et des choix stratégiques », avec le lancement de la Coopérative. Car, après la désignation de leur candidate, les écolos doivent encore mettre au point leur projet cet automne. Ces journées se clôtureront par le premier meeting de campagne d’Eva Joly, dont on ne sait encore si elle sera soutenue par Nicolas Hulot, son adversaire malheureux dans la primaire interne de désignation, et selon quelles modalités.
Un bel embouteillage politique est à prévoir le week-end suivant. Les socialistes se retrouvent en effet à La Rochelle du 26 au 28 août pour une université d’été dont le point d’orgue devrait être les « grands oraux » auxquels les six candidats à la primaire seront soumis successivement. Aux mêmes dates, se tient aux Karellis (Savoie) l’université d’été du PCF, d’audience plus confidentielle, et également, à Grenoble, la troisième édition du Remue-méninges du Parti de gauche. Le parti de Jean-Luc Mélenchon a voulu l’ouvrir, cette année, aux autres formations du Front de gauche, qui ont pu participer à son organisation en proposant des thèmes de débat et en lançant leurs invitations. Du coup, ce rendez-vous, rebaptisé « Remue-méninges à gauche », qui sera conclu par un meeting autour du candidat du Front de gauche, devrait attirer bien plus de militants que l’an dernier. Ses organisateurs espèrent donner, grâce à la diversité des participants et des sujets débattus, l’image d’un rassemblement bouillonnant et dynamique.
Pour éviter l’asphyxie médiatique, le NPA, dont l’université débute le même week-end à Port-Leucate (Aude), a programmé le premier meeting de son candidat le lundi 29 août. Philippe Poutou y interviendra notamment aux côtés de militants anticapitalistes européens en lutte contre les plans d’austérité. La Grèce, le Portugal, l’Espagne et la Grande-Bretagne, et des invités de ces pays, figurent aussi au programme de l’université de la Fase, à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), du 29 au 31 août.
L’état de l’Europe préoccupe la gauche. Et particulièrement l’association Attac, qui innove en organisant une « université d’été européenne du réseau des mouvements sociaux ». L’European Network Academy for social movements (ENA) accueillera les altermondialistes à Fribourg, en Allemagne, du 9 au 14 août, à quelques kilomètres de la frontière française. Au programme : forums, plénières et ateliers dans l’université Albert-Ludwig, une des plus anciennes d’Allemagne. Les intervenants internationaux, dont certains viennent des Amériques du Nord et du Sud, y analyseront la crise et les politiques économiques. Une plénière sera consacrée à l’avenir du mouvement social en Europe ainsi qu’au mouvement altermondialiste à travers le monde [^2]. Enfin, l’organisation par le Collectif anti-gaz de schiste, aux côtés de l’ONG les Amis de la Terre et d’organisations antinucléaires, d’un rassemblement citoyen du 26 au 28 août, dans les Cévennes.
L’objectif ambitieux de ces « États généraux de nos besoins et de notre avenir énergétique » est de croiser les scénarios de sortie des énergies fossiles avec ceux de sortie du nucléaire. Et d’aboutir à des propositions concrètes que les organisateurs espèrent pouvoir faire peser dans les débats pendant la campagne présidentielle. Preuve supplémentaire que cette échéance électorale mobilise au-delà des rangs des seuls militants politiques.
[^2]: Sont aussi concernés quatre départements et deux collectivités d’outre-mer ainsi que les six sénateurs représentant les Français établis hors de France.