En nets progrès

Sébastien Fontenelle  • 21 juillet 2011 abonné·es

Adoncques, après que dame Joly nous a récité qu’elle était plutôt pour qu’on supprime la revue militaire du 14 Juillet (et pour la remplacer par un « défilé citoyen »  [^2]) : François Fillon, de Matignon, a jugé qu’elle n’avait pas « une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française » — et qu’elle n’était donc pas « bien-de-chez-nous », comme dirait l’un des (autres) plus gros penseurs de l’UMP [^3].
Puis, le même, constatant que cette saillie suscitait « une polémique », a trouvé ça très cool  : « Je m’en félicite », a-t-il rodomonté — suivant l’éprouvée recette qui fait, depuis quatre ans, que, dans la France d’après, chaque répugnant lâcher d’une dégueulasserie de régime fait dans l’instant l’objet, nonobstant qu’elle pue très loin, d’une rapide revendication, vu que c’est pas nous du tout qu’on va se laisser brider l’haine par les tyrans d’la bien-pensance, mâme Dupont.


Rappelons, pour qui ne l’aurait pas connu dans les temps qu’il n’était pas devenu première gâchette chez Kozy, que François Fillon se (com)plut naguère à laisser partout raconter que sa fibre intime n’était pas seulement républicaine, mais qu’elle était, de surcroît, finement tissée d’envies sociales : c’est à cette aune — et pour ce qu’il nous dit nettement de la fermeté de ses convictions — que s’apprécie, mieux, l’enthousiasme qu’il met, depuis cinquante mois, dans l’entreprise de démolition systématique (de tout ce qui ressemble trop à) du lien social connue sous le nom de sarkozysme.
 Pour autant, ne soyons pas
chien(ne)s, et convenons plutôt que les tortueux louvoiements qui ont mené le Premier ministre du « gaullisme social » [^4] au service empressé du Président des riches sont le signe, au fond rassurant, que la droite évolue.
 Aussi bien se félicitera-t-on de ce qu’elle ait, même, progressé, d’un siècle l’autre, puis l’autre encore, vers une manière de modération, puisqu’à la toute fin du XIXe siècle, par exemple, et « en temps de guerre surtout », mais pas que, c’était « l’origine alsacienne, dite “germanique”, de la majorité des Juifs français »  [^5] qui la dégondait encore par entiers pans.


Alors qu’aujourd’hui la droite est (presque) guérie : ce n’est plus que plus rarement qu’elle dénonce distinctement l’anti-France. Encore deux petits millénaires, et elle admettra, gageons (fût-ce du bout des lèvres), qu’on puisse être français(e) sans être Christian Vanneste.
Dès lors, le plus dur sera fait, et il ne lui faudra plus guère qu’un réduit laps de temps pour tolérer, aussi, qu’on puisse penser hors de ses phobies : je me demande tout d’un coup si nous ne devrions pas remercier François Fillon de nous avoir éclairé l’avenir ?


[^2]: Ne ris pas, s’il te plaît.

[^3]: Lionnel Luca, bien sûr : who else ?

[^4]: Mais ne ris pas, te dis-je.

[^5]: Histoire de l’antisémitisme, par Léon Poliakov, Calmann-Lévy.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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