Fini les concessions

Denis Sieffert  et  Christophe Kantcheff  et  Jean-Claude Renard  • 28 juillet 2011 abonné·es

Illustration - Fini les concessions

À Arte, le choix n’a guère été complexe, malgré les interventions intempestives de Bernard-Henri Lévy. Le brillant philosophe se voyait déjà en haut de l’affiche pour services rendus à la France, à l’Allemagne, à Israël, aux compagnies aériennes, à son tailleur et aux nuits blanches d’Eddy Barclay. Finalement, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur ont été désignés. C’est un soulagement pour la chaîne, qui a fait le pari de développer son audience sans faire de concession. Confier l’unité documentaire à Mosco Boucault en est le meilleur exemple, tout en expurgeant par ailleurs d’arteradio.com Silvain Gire, surnommé « le bourreau » depuis longtemps.


Même soulagement à l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF, regroupant RFI et France 24), avec la nomination de Rony Brauman, accueilli chaleureusement. Une réconciliation de l’ensemble du personnel avec son histoire sulfureuse et chaotique est ainsi possible. Rony Brauman a déjà fait savoir qu’il ne rappellerait pas à son poste Christine Ockrent, aux émoluments excessifs pour une présence low cost.


Parallèlement au petit écran, Anémone a dû gérer le volet radio non moins rapidement. À la tête de Radio France, elle a nommé Daniel Mermet. Baroudeur et producteur, son nom circulait depuis longtemps déjà dans les couloirs de la Maison de la radio. Un symbole altermondialiste contre un symbole de l’américanisation du monde. Mermet ou l’anti-Hess.


C’était un secret de polichinelle : après avoir signifié à Philippe Val sa non-reconduction, au cours d’un entretien très bref d’à peine six minutes, en juin dernier, la direction de France Inter a été, tout naturellement, confiée à Zoé Varier (certains producteurs disent avoir encore vu leur ancien patron hanter les studios, tard dans la nuit, agité devant le micro par un monologue sans queue ni tête). Ancienne collaboratrice du nouveau PDG dans « Là-bas si j’y suis », Zoé Varier produisait et animait depuis dix ans « Nous autres », l’une des meilleures émissions de radio. Avec Zoé Varier, c’est le retour des grands reportages et la fin des émissions de variétés indigestes où chaque invité vend son livre, son disque ou son film. Foin de promo, ce qui n’exclura pas le divertissement, loin de là. Zoé Varier a la réputation de maintenir le dialogue, elle ne devrait pas bouleverser la maison, sinon exiger davantage de rigueur.


À France Culture, si Michel Onfray s’est cru un instant le droit de tenir les rênes de la station, avant d’être condamné sèchement à neuf ans de psychanalyse freudienne, le choix a également été simple, avec Emmanuel Laurentin. Le nouveau patron assure garder le meilleur de France Culture, tout en se séparant poliment, mais non sans fracas, des producteurs accrochés à leur bureau, monopolisant l’antenne depuis trop longtemps. Alain Finkielkraut et Jean-Marie Colombani ont dû rendre les clés, en dépit de gesticulations dramatiques, avant de trouver refuge à Europe 1. Voilà pour le PAF !

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