Hollande, à fond l’image

Michel Soudais  • 21 juillet 2011 abonné·es

Cette candidature, François Hollande l’a voulue. Depuis longtemps. Il dit s’y être préparé sitôt quittée la fonction de premier secrétaire, occupée onze ans. Jusqu’à s’imposer, pour commencer, un régime sévère qui lui donne aujourd’hui une ligne aussi light que son socialisme. Face à Nicolas Sarkozy, dont il fustige « les excès, les errements et les exhibitions au sommet de l’État », le député de Corrèze veut être un homme « normal ». Et peu lui chaud que cela ne fasse pas nécessairement rêver.


Il promet de « faire de la jeunesse la grande cause nationale du prochain mandat » et de commencer par « une grande réforme fiscale » présentée comme « la condition de toutes les autres ». François Hollande veut aussi « dire la vérité sur la situation de notre pays »  : il a ainsi annoncé le week-end dernier qu’il entend ramener « dès 2013 » le déficit public à 3 %, soit un an avant la date fixée dans le projet du PS. Rejoignant ainsi les objectifs actuels de Bercy qui veut réduire le déficit à 6 % fin 2011, à 4,6 % fin 2012, à 3 % fin 2013 et à 2 % fin 2014.


À ceux qui voudraient un changement de Constitution, l’ex-patron du PS assure qu’il suffit de changer de président et de pratique du pouvoir, ce qui ne l’empêche pas de vouloir initier une nouvelle étape de la décentralisation et d’estimer que « la Constitution devrait garantir à l’avenir une véritable autonomie normative aux partenaires sociaux ». 
«  Concrètement, expliquait-il dans une tribune publiée dans le Monde (15 juin), le gouvernement et le Parlement seraient juridiquement liés par le contenu de conventions signées entre partenaires sociaux sur des sujets bien précis et avec la vérification des mécanismes de représentativité.  »


Le contrat serait au-dessus de la loi et une négociation privée entre patronat et syndicat pourrait s’appliquer à tous. Cette proposition visant à « mettre la société en mouvement », selon une vieille expression de Jacques Delors, dont M. Hollande a toujours été un disciple, a été saluée par Alain Madelin et Laurence Parisot, qui y voit l’avancée d’une vieille revendication du Medef.
Se posant volontiers en meilleur élève de la classe « socialiste », François Hollande avait déjà reçu, il y a quelques semaines, le soutien encombrant de Jacques Chirac. Episode vite oublié et noyé sous le poids des parrainages. Le candidat en a déposé 450 et se vante d’avoir le soutien de près de la moitié des 204 députés du groupe socialiste, dont celui de leur président, Jean-Marc Ayrault, de 9 présidents de Région, d’une quinzaine de présidents de conseils généraux, etc.


Le député de Corrèze, qui s’était préparé avec ses fidèles à affronter Dominique Strauss-Kahn, accueille une partie des « strauss-kahniens », tel Pierre Moscovici, promu « coordinateur » de son équipe de campagne, et d’ex-cadres de l’équipe de Ségolène Royal en 2007 (Vincent Peillon, Julien Dray, François Rebsamen…). Appuyant ainsi sa campagne sur les réseaux socialistes que son passé à la direction de Solferino lui a appris à maîtriser.

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