L’opposition s’organise
Les opposants à Bachar Al-Assad se sont réunis samedi à Istanbul. Malgré la répression, les pays occidentaux ne lâchent toujours pas le régime.
dans l’hebdo N° 1162 Acheter ce numéro
Ils étaient plus de trois cents opposants syriens réunis samedi à Istanbul pour tenter de rassembler l’opposition et d’obtenir un renforcement du soutien international.
Entamée par l’hymne syrien et une minute de silence en hommage aux victimes de la répression, la conférence s’est achevée par l’adoption d’un texte qui en appelle à « l’unité nationale, à l’unité des opposants » et qui insiste sur la nécessité d’un « gouvernement démocratique et pluraliste où tous les Syriens peuvent participer comme des citoyens égaux ». Les participants devaient aussi élire vingt-cinq représentants permanents.
Mais des divergences sont apparues à propos du rôle de ces représentants, certains participants craignant une trop forte influence des courants islamistes. Pour remédier à ce déséquilibre, il a été convenu que cinquante autres places seraient réservées à des représentants de l’intérieur. L’instance ainsi constituée nommerait alors un « bureau exécutif » représentatif de la « révolution syrienne », chargé notamment de nouer un dialogue avec la communauté internationale.
La tâche à cet égard ne s’annonce pas facile. Les puissances occidentales, contrairement à leur attitude dans la crise libyenne, n’ont toujours pas lâché le régime syrien.
La secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, qui, le 11 juillet, avait estimé que Bachar Al-Assad avait « perdu sa légitimité », a semblé revenir en arrière samedi. Commentant la réunion des opposants, Mme Clinton a souhaité pour ces derniers une « coopération pacifique avec le gouvernement en vue d’un avenir meilleur ». Invoquer une « coopération pacifique » alors que la répression s’intensifie et que la police a encore tiré sur la foule vendredi à Hama, où plus d’un million de personnes manifestaient, tuant vingt-huit d’entre elles, est étrange. On en revient sans doute aux fondamentaux de la place de la Syrie dans le concert international, à la fois intermédiaire avec l’Iran, et « ennemi officiel » d’Israël. Deux facteurs analysés dans les capitales occidentales comme des éléments de stabilité auxquels il faut bien sûr ajouter l’influence de Damas sur le Hezbollah libanais. Autant dire que, du point de vue des capitales occidentales, la révolution syrienne est perçue comme un événement déstabilisateur.
D’où l’insistance de Mme Clinton pour souligner qu’ « aucun d’entre nous n’a vraiment d’influence ». Pas question évidemment ici d’intervention militaire, d’ailleurs explicitement rejetée par les opposants ; quant à des sanctions comme le gel — déjà décidé — des avoirs des principaux caciques du régime, chacun sait qu’elles ne résisteraient pas à la real politik si, par malheur, le régime l’emportait.
(avec AFP)