Parutions

• Foucault, Deleuze, Althusser & Marx


  Isabelle Garo, Demopolis, 424 p., 21 euros.
 


Quel a été le rapport à Marx de ces trois grands philosophes français du XXe siècle ? C’est la question à laquelle s’attelle brillamment Isabelle Garo, l’une des organisatrices du séminaire « Marx au XXIe siècle » à l’université Paris-I. En replaçant dans le contexte — celui d’un marxisme omniprésent, quasi dominant dans le monde de la pensée, mais aussi bientôt en recul — des années 1970, la philosophe montre que leur « relation constante et essentielle à Marx et au marxisme », marquée par un mélange « de reconnaissance et de discrédit », va chacune à sa manière grandement contribuer à la redéfinition de la question de l’engagement intellectuel. Et souligner combien une pensée de type marxiste, revendiquée sans complexe par Isabelle Garo, et son renouveau « ont tout à gagner à se confronter à de telles œuvres ». Une confrontation passionnante pour notre époque, alors que le néolibéralisme se voit de plus en plus contesté aujourd’hui.



• Contre-attaques.


  Perspective 2, Collectif, sous la direction d’Alain Jugnon avec la collaboration de Laurent Cauwet, Al Dante éditions, 504 p., 23 euros.
 


C’est un livre atypique que cette deuxième « salve », aux tonalités vengeresses et militantes assumées, de Contre-attaques. Mi-ouvrage, mi-revue, cette publication rassemble épisodiquement des philosophes, des écrivains, des artistes ou des poètes, pour interroger — et repousser — les limites d’une « pensée de l’action » à la fois politique et artistique. Autour cette fois d’un dialogue avec l’ancien activiste d’Action directe Jean-Marc Rouillan, aujourd’hui en semi-liberté après des dizaines d’années de prison du plus sévère des régimes d’incarcération, les nombreux auteurs (dont les philosophes Alain Jugnon, Michael Löwy, Bernard Aspe, Jean-Paul Dollé ou Anne Sauvagnargues, l’historienne Sophie Wahnich, les sociologues Mathieu Rigouste et Lilian Mathieu, l’écrivain situationniste Raoul Vaneigem, etc.) se placent également sous le signe de la pensée et des combats de Daniel Bensaïd, Henri Lefebvre et Pierre Goldman. Un ouvrage original pour une tentative de renouer avec l’engagement intellectuel révolutionnaire.


À lire également, le dernier ouvrage d’Alain Jugnon,
Révolutions nous !* *D’un Rimbaud l’autre, Éd. D’ores et déjà, 54 p., 4 euros.

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 Histoire de la société allemande au XXe siècle


Marie-Bénédicte Vincent, Sandrine Kott, Alain Lattard, La Découverte, 3×128 p., sous coffret, 28,50 euros.
 


Une première moitié du XXe siècle (1900-1949), puis la RDA d’une part et la RFA de l’autre (entre 1949 et 1989). Marie-Bénédicte Vincent, historienne, Sandrine Kott, professeur d’histoire contemporaine de l’Europe, et Alain Lattard, professeur de civilisation allemande, livrent ici, en trois volumes, une histoire de la société allemande. Une société qui traverse d’abord trois régimes (l’Empire, la République de Weimar et le IIIe Reich) avant de se scinder en deux États distincts. Si Marie-Bénédicte Vincent s’interroge notamment sur les facteurs sociaux ayant favorisé le nazisme ( « jusqu’à la mobilisation de toute la société dans la guerre totale » ), Sandrine Kott propose une relecture de la RDA dans la tension entre le projet politique de transformation sociale et la réalité qui lui résiste, tandis qu’Alain Lattard revient sur une société ouest-allemande alliant reconstruction et modernisation dans un climat conservateur. Avant de connaître son tournant libéral et de nouveaux mouvements sociaux.