Parutions
dans l’hebdo N° 1162 Acheter ce numéro
Contretemps
nouvelle série, n° 10, 2e trimestre 2011, éd. Syllepse, 160 p., 12 euros.
En dépit de la disparition l’an dernier de son principal fondateur, le regretté Daniel Bensaïd, la revue Contretemps poursuit son intéressant travail de questionnement du politique avec un regard toujours aussi aiguisé sur le monde contemporain. Sans oublier évidemment l’actualité du marxisme. La livraison de ce printemps 2011 consacre cette fois une bonne soixantaine de pages à la pensée et au parcours de Frantz Fanon, médecin psychiatre martiniquais ayant longuement travaillé en Algérie, alors française, et observé les méfaits du colonialisme sur la population de ce pays déjà sur la voie de l’indépendance. Alors que l’on s’apprête à commémorer le cinquantième anniversaire de sa disparition advenue en 1961 (une grande biographie et un recueil de ses quatre principaux ouvrages paraîtront à la rentrée aux éditions La Découverte), l’équipe de Contretemps a fait appel à plusieurs spécialistes de l’auteur du magnifique Peau noire, masques blancs pour se remémorer l’homme, ses engagements, ses espoirs. Et sa pensée, qui demeure ô combien actuelle.
Actes de la recherche en sciences sociales
n° 188, juin 2011, Seuil, 108 p., 16 euros.
La revue fondée par Pierre Bourdieu consacre, dans ce numéro de juin, son dossier à un thème bien dans la lignée de la sociologie critique de celui-ci : « Statistiques et sociologie ». En hommage à Jean-Claude Combessie, décédé l’an dernier, le numéro s’ouvre sur un de ses articles qui propose une « analyse critique d’une histoire des traitements statistiques des inégalités de destin : le cas de l’évolution des chances d’accès à l’enseignement supérieur ». Pour mieux mettre en lumière, par cet exemple, combien les statistiques deviennent, « en raison de la “neutralité scientifique” qui leur est prêtée », de véritables « outils de gouvernance » …
La Vie inséparée. Vie et sujet au temps de la biopolitique
Muriel Combes, préface d’Isabelle Stenghers, Éd. Dittmar, 336 p., 20 euros.
Ouvrage théorique assez ardu mais passionnant, le livre de Muriel Combes, issu de sa thèse de doctorat, se propose de croiser les lectures de Michel Foucault et de Gilbert Simondon, surtout connu pour son travail sur la technique, pour s’interroger sur les « modes d’inscription de la vie dans la politique ». À partir des concepts de biopolitique et de biopouvoir, élaborés par Foucault dans ses cours au Collège de France dans les dernières années de sa vie, mais aussi du travail a priori plus éloigné de Simondon, la philosophe, déjà auteure de plusieurs études sur ce dernier, entreprend une lecture politique du présent en partant du postulat que « la vie ne peut jamais être conçue séparément de la subjectivité ». Une direction « ontologique » que Foucault n’avait pas vraiment suivie mais que l’apport de Simondon permet d’emprunter, comme le fait avec brio Muriel Combes.