Une primaire à l’américaine

La procédure choisie par le PS pour désigner son candidat en 2012 est lancée. Les six candidats ont trois mois pour convaincre et éviter les écueils d’un scrutin nouveau en France.

Michel Soudais  • 21 juillet 2011 abonné·es
Une primaire à l’américaine
© Photo : AFP / Medina

Le top départ de la primaire socialiste est donné. Les candidats avaient jusqu’au 13 juillet pour officialiser leur candidature. Ils devaient pour cela être parrainés par 5 % des parlementaires socialistes (17 parrainages), ou 5 % des membres titulaires du conseil national du PS (16 parrainages), ou 5 % des conseillers régionaux ou généraux socialistes (soit 100 parrainages) issus d’au moins 10 départements et 4 Régions, ou 5 % des maires socialistes des villes de plus de 10 000 habitants (soit 16 parrainages) issus d’au moins 4 Régions. Cinq ont franchi l’obstacle. Jean-Michel Baylet en a été dispensé, le président du Parti radical de gauche étant présenté par son parti. Après ces formalités, commence donc une campagne qui devra relever trois défis qui sont autant de risques pour le PS.


Le premier concerne la participation. Moyennant un euro et la signature d’une adhésion aux valeurs de gauche, tous les électeurs pourront choisir les 9 et 16 octobre quel sera, selon eux, le meilleur candidat face à Nicolas Sarkozy. Mais se déplaceront-ils pour participer à cette sélection habituelle aux États-Unis mais inédite dans notre pays ? Quand le principe en a été décidé, les promoteurs de cette primaire à gauche tablaient sur 4 millions d’électeurs. Aujourd’hui, rue de Solferino, il se dit qu’un million serait déjà une victoire et un signal envoyé au chef de l’État. L’enjeu mobilise le PS qui a lancé, le 14 juillet, une « caravane des primaires ». En « 43 jours, 37 étapes et 6 000 kilomètres », ses animateurs auront la tâche difficile de convaincre des vacanciers qui, en cette période estivale, ont d’autres préoccupations.

Le second consiste à éviter que la campagne ne tourne au pugilat entre camarades de parti et ne laisse de profondes cicatrices dont pourrait profiter l’UMP. Pour cela, le comité d’organisation a refusé jusqu’ici l’organisation de débats entre les candidats, privilégiant la tenue de grands oraux, notamment à l’université d’été de La Rochelle. Ce qui n’empêche ni les petites phrases ni les polémiques dans la presse. Les premières escarmouches ont d’ailleurs éclaté dès ce week-end entre Hollande et Aubry sur le terrain de la crédibilité économique. L’incident a immédiatement été mis à profit par Manuel Valls et Ségolène Royal pour réclamer l’organisation de débats sans lesquels, notent-ils avec raison, il est vain de vouloir espérer intéresser les Français à cette primaire.

Le troisième, enfin, touche au programme. Le PS a passé dix-huit mois à élaborer un projet pour 2012 qui satisfasse toutes ses sensibilités. Modeste dans ses ambitions à force de concessions aux règles du libéralisme, que restera-t-il de ce programme en octobre quand, pour se différencier, les candidats l’auront critiqué — ce qu’a fait Valls sur les emplois-jeunes et la retraite –, ou amendé pour rester dans les clous des engagements de la France ? Rien ne dit que le vainqueur de cette compétition sera alors bien armé pour affronter le chef de l’État.

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