11 septembre : le business de la peur
Depuis le 11 septembre 2001, “l’architecture de la terreur” n’a cessé de se développer aux États-Unis. En France, cet événement dramatique a également donné lieu à une orientation très sécuritaire. Les sociétés de sécurité privées prolifèrent de manière inquiétante ici comme là-bas.
dans l’hebdo N° 1167 Acheter ce numéro
Les attentats du 11 septembre 2001 ont bouleversé le monde. Mot pris dans ses deux sens de choc émotionnel et de transformation. Si l’émotion resurgit chaque fois que l’on revoit les images des avions percutant les tours géantes de Manhattan, ce sont tout de même les transformations du monde qui s’inscrivent le plus durablement dans l’histoire de ces dix années, et sans doute pour longtemps encore. Les États-Unis et les pays de l’Union européenne ont multiplié les initiatives pour vaincre le « terrorisme islamique ».
Au moins deux guerres ont coûté des centaines de milliers de vies humaines, en Irak et en Afghanistan, sans compter les offensives d’opportunisme menées par Israël au Liban et à Gaza, qui ne sont pas étrangères au climat anti-arabe instrumentalisé au lendemain des attentats de New York. Le triomphe idéologique de la théorie du « choc des civilisations » constitue la trame d’un discours occidental, de Bush à Sarkozy, qui a dominé la politique des grandes puissances, au moins jusqu’à l’élection de Barack Obama en novembre 2008.
Au bilan de ces années, il faut ajouter la forte tendance de ce qu’on appelle abusivement « les grandes démocraties » à s’affranchir de toute règle et morale au nom de « la lutte antiterroriste ». Tortures, enfermements arbitraires – le cas le plus connu est évidemment celui de Guantanamo –, mais aussi lois d’exceptions comme le Patriot Act américain. Le tout excitant au sein des populations la peur de l’autre et les pulsions racistes. La droite française « décomplexée » de Sarkozy est particulièrement représentative de cette évolution.
Nous avons choisi de mettre en lumière un aspect particulier de « l’après-11 Septembre » : l’apparition d’un commerce de la peur au profit d’officines et parfois de milices privées. Cela va des experts qui nous « alertent » dans nos médias sur la « menace terroriste » jusqu’aux mercenaires qui se substituent à l’armée américaine en Irak, en passant par les industriels de la télé et de la vidéosurveillance en ville. Voir dans notre dossier l’exemple extrême du quartier de Park Row, à New York.
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