Des nouvelles de Tartuffe ?
dans l’hebdo N° 1170 Acheter ce numéro
Moi aussi — qu’est-ce que tu crois ? Moi aussi, j’ai lu de près « le programme du Front de gauche et de son candidat commun Jean-Luc Mélenchon ». Et j’y ai trouvé [^2] de sentis paragraphes sur « la laïcité, pilier de la République et condition du vivre-ensemble », qui disent comme ça que « la laïcité est une et indivisible, un principe vivant et porteur de droits inaliénables garantis à tout membre de la société, français ou étranger : la séparation du politique et du religieux, la liberté de conscience et de culte, l’égalité des citoyens en tout domaine sans discrimination d’aucune sorte », etc. C’est beau, hein ? (Reconnais ?)
Bon : ça dit quand même pas que tu pourras mettre un fichu pour aller au collège Pablo-Neruda, Fatima (parce que, sincèrement, faut pas non plus trop exagérer, comme dirait le candidat commun du Front de gauche aux arriéré(e) s Tibétain(e)s bouddhiques des monts de l’Himalaya).
Mais tout de même, ça pose que, pour ce qui concerne « les religions, le gouvernement français agira », si tu as la sagesse de le confier au Front de gauche et à son candidat commun, « pour qu’aucune d’entre elles ne soit mise à l’index au prétexte de la laïcité, comme le fait régulièrement le Front national à propos de la religion musulmane ».
Et certes, dans la vraie vie, le Front national n’est pas du tout seul — il s’en faut de beauuucoup — à stigmatiser la religion musulmane au prétexte de la laïcité, comme voudraient ici nous le faire accroire le Front de gauche et son candidat commun. Dans la vraie vie : plein de pointu(e) s républicain(e)s, laïcien(ne)s de stricte obédience, font de même.
Dans la vraie vie, La Pen puise d’ailleurs sans se gêner, pour taper sur les muslims, dans le vivier où des gens très comme il faut — très de « gauche » — empilent, depuis tant d’années qu’on ne les compte plus, leurs divagations.
Dans la vraie vie, quand la Pen dénonce les prières de rue des mahométan(e)s, par exemple ? (Ou quand elle caricature le mari d’Aubry en « avocat des islamistes » ?) Elle n’invente rien : elle redit ce qu’a dit avant elle — et parmi plein d’autres, que nul(le) ne saurait soupçonner d’FNisme — la très progressiste Caroline Fourest.
Question, dès lors : d’où vient que le Front de gauche et son candidat commun semblent trop négliger cette réalité un peu encombrante ? La réponse est, je crois, dans le « programme du stand Parti de gauche » ^3 à la dernière Fête de l’Huma — où la même Caroline Fourest est venue expliquer sans rire, le 17 septembre à 14 heures, comment « décrypter le discours pour lutter contre le FN ».
(Et sinon, toi, t’as eu des nouvelles de Tartuffe ? – Ouais, ouais : Tartuffe va bien, merci pour lui.)
[^2]: En sus de plein de propositions propres à nous faire oublier que le candidat commun du Front de gauche fut longtemps — looongtemps — l’un des inamovibles pivots du parti, « socialiste », des privatisations frénétiques.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.